Délicates dédicaces, par Laurent Maréchaux

Carte blanche de Laurent Maréchaux

Mes amis aiment les livres – les grands, les vrais – : Don Quichotte de Cervantès, Les Trois Mousquetaires de Dumas, Lord Jim ou Le Duel de Conrad, Les Sept Piliers de la sagesse de T.E.Lawrence, Voyage au bout de la nuit de Céline, Les Poneys sauvages de Déon, mais aussi Le Dahlia noir de James Elroy, Légendes d’automne et Dalva de Jim Harrison ou Terre et cendres d’Atiq Rahimi. Une dizaine d’incontournables à emmener au purgatoire pour passer le temps.
Mes amis sont des esthètes, ils ont épousé de jolies femmes, drôles et intelligentes, à la beauté intérieure troublante. Leurs enfants leur ressemblent : sensibles, facétieux, talentueux.
Mes amis sont généreux, le cœur sur la main et d’une solidarité sans faille.
Mes amis sont des «frères de la côte», présents les jours de tempête et les soirs de marée basse quand les«rats» ont quitté le navire.
Mes amis ont le goût des belles aventures et des grandes causes. Ils aiment les combats désespérés. L’Afghanistan – celle des années 80 contre les soviétiques – nous avait réunis.
Mes amis sont de véritables amis, prêts sur un simple appel à venir – sans poser de questions – enterrer un cadavre encombrant dans un endroit discret.
Mes amis sont des salauds. Ils ont la sale habitude de se tirer, avec une balle dans la tête, sans attendre la sortie des livres que je leur ai dédicacés. Ce manque de courtoisie se retourne contre eux ; ils ne liront jamais la prose que je leur ai dédiée. Mes amis s’appellent Geoffroy Linyer et Christophe de Ponfilly, l’un «est parti trop tôt sans laisser d’adresse»*, l’autre «Don Quichotte cabossé, chevauche désormais entre les nuages».**

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* dédicace des Sept Peurs
** dédicace du Fils du Dragon

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18/10/2006

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18/10/2006