Je ne me souviens pas de tout, je n’écris pas en musique, mais je m’en sers souvent pour respirer un peu ou me remettre de la pluie continue, des ciels lourds, des découragements … Le plus efficace sous la pluie c’est Trenet « hop, hop, monte plus haut qu’il fait bon, lààà » ou alors « ouvre ton cœur à l’amour ouvre ta fenêtre au jour, laisse entrer chez toi le gai soleil et dis : ah di ah di ah, di ah bonjour » (oui, je sais, le problème de la musique c’est que sans la musique c’est moins bien.) Côté fruit – la notion de fruit qualifiant tout ce qui met l’eau à la bouche – je me tartinais l’ouïe de Watermelon man version Mungo Santamaria qui fait partie de la bande son par ailleurs tout à fait salivante de Out of Sight (de Steven Soderbergh) un film musical dans sa structure même – la première fois dans mon fauteuil de cinéma, je me faisais l’effet de conduire une Cadillac ou un grand orchestre, ce qui, pour une fille qui n’a ni permis ni solfège revient effectivement au même. Et le Bangra ! J’ai été tellement contente quand on m’a dit que ce mélange de percussions indiennes et d’électroniqueries occidentales avait un nom. Dans Bangra y a des fruits, évidemment. Je me fie en partie à Talvin Singh et puis j’ai Outcaste New Breed UK et Spirit of India une autre compile deux CD, le « new vibes » c’est Bangra et le « traditional » n’en est pas. The best of Asha Bhosle – The Golden Voice of Bollywood non plus mais ces chansons de films des studios de Bombay sont exquises à l’oreille, des voix acides et des tablas sucrés … des doiong qui massent l’estomac. Dans le genre, je recommande chaleureusement un disque qui n’a pas besoin de moi : la BO du Mariage des moussons (pourquoi Monsoon Wedding est-il tellement plus caressant ?) pour son mélange judicieux entre les morceaux indiscutables, respectables, magnifiques et les délicieuses cochonneries soupesques, disco-dance-oïdes. Peut être pas comme dans les mariages – où je ne vais plus (qu’on se le dise) parce que je m’y ennuie trop (quelquefois, s’ennuyer un tout petit peu n’est pas désagréable) – mais sûrement comme chez moi. Où le bio voisine avec la junk food, où le best of de Kool and the Gang est posé sur le dernier Rufus Wainwright. J’ai dû écouter Steely Dan aussi, l’enregistrement sonore de cette émission géniale (si si) où l’auteur (ou les auteurs) d’un album raconte(nt) et commente(nt) sa fabrication. En l’occurrence, Fagen et Becker, ensemble, tripotent les boutons d’une régie son où sont (je n’ai pas passé l’âge du comique de répétition, non, non) étalées toutes les prises de tous les morceaux d’AJA (ceux qui aiment me suivront). Je les adore, le mot n’est pas trop fort. Mais c’est tout le temps la saison de Steely Dan, je suis donc en train de déborder la coupe de fruits qui m’était impartie. J’arrête, c’est fini. Et comme on dit dans les disques « j’embrasse aussi tous ceux que j’ai oubliés » et qui me reviendront comme des remords rampants, des chenilles chutant du hauts des arbres, au plus mauvais moment, trop tard !