Résumé :
Mais où ? Aux îles Salomon, un chapelet de prétendus petits paradis mordorés et indolents. C’est là qu’arrivent Adam et Clara. Lui, vieil ado joycien frotté de "mystique juive", elle experte en "métaphysique des potins". Venus pour dépouiller des économies exsangues : quelques dizaines de milliers de dollars pour un publi-reportage dans des "suppléments merdiques que tout le monde fout à la poubelle", l’endroit leur fait vite figure de bout de quai planétaire, d’ultime grève. Adam se sent taraudé par des prurits philosophiques, Clara se sent cerf-volant, s’étourdissant et semant la séduction autour d’elle. Survient Samuel Freaks, petit prophète méthodiste, féru de l’Ecclésiaste, le premier des Salomon, qui papote d’éternité tandis que Clara fait de la plongée. Mais quand Clara sort de l’eau, c’est pour tomber amoureuse de Samuel Freaks comme on a chez l’antiquaire un coup de foudre pour un totem. Tout pourrait se réduire à un marivaudage tropical humide coincé entre paupérisme et huile à bronzer, pêche au gros et prophétie de bazar, n’était la violence qui, par bouffées, fait irruption dans l’île. Pour son second roman, Frédéric Chouraki nous offre une virée sous les Tropiques où planches de surf et de salut tentent de se confondre dangereusement, où fellations et colloques mystiques ponctuent les heures rythmées par des à-coups de violence ou des poussées de palabres religieuses. Entre Hassidisme et Club Med. Qu’est-ce que Dieu, si ce n’est le plus implacable des Gentils Organisateurs ? La foi est notre écran total.
On en parle :
L’ambition, la tension, le rythme, la vie, l’érudition, la fiction… et le ridicule aussi. Il faut de tout pour faire un tel livre, miroitant, frétillant, comme ces bans de petits poissons qui nagent entre deux eaux. Frédéric Chouraki, moitié jobard, moitié classique, est un jeune écrivain comme il y en a très peu. Pour lui, écrire c’est respirer. Sa littérature est un poumon indémodable. Il y va, galope, dialogue, jette ses personnages. Ils sont le prétexte à une expression littéraire alliant les crèmes solaires aux idées graves.
Jean-François Kervéan, Page des libraires, juin-juillet-août 2001.
L’insolent Chouraki use et abuse des clichés pour mieux leur tordre le cou, et signe une satire satanique de l’ultralibéralisme comme de la bien-pensance.
Emilie Grangeray, L’Officiel de la mode.