Résumé :
La guerre, c’est comme le citron, ça avive les plaies et relève le goût du plat, du plat commun, de la vie de tous. C’est ce que semble dire Jacques Perret, tout en vidant sa musette. Et la guerre, lui, Perret, il la connaît?: la der des ders fera rapidement de son père un prisonnier et de son frère aîné un mort parmi d’autres, livré à la boue et à la fosse. Frère dont il nous narre, dans La Mort de mon grand frère, la brève vie militaire et le transfert des cendres, texte bouleversant marqué par le "?cri étouffé?" d’une mère endeuillée à vie. En 1921, il se donne à la guerre du Rif (ses papiers et son maigre argent le sauveront?: entendez par là que son portefeuille déviera un coup de poignard) ; prisonnier en 1939, le caporal se désépingle à la quatrième tentative ; fait la belle, il intègre l’ORA (la Résistance militaire). 1954, les "?événements?" d’Algérie lui offrent une nouvelle occasion de remonter au front et de batailler pour l’Algérie française. Ces temps forts, politiques et aventureux, d’une vie d’évadé de naissance on les retrouve dans d’autres articles de cette "?musette?"?: Accident du travail (et les solidarités clandestines), Le retour à Berlin du caporal épinglé (ou comment l’artiste vient rôder sur les lieux de son chef-d’œuvre?: son évasion), Scarlett derrière les barbelés (Margaret Mitchell en marraine de guerre), Prisonnier de guerre (ou comment faire un sort à la "?fraternité?" des camps). En bouquet final Pour Ramos rend un nouvel hommage au héros résistant de Bande à part. Ainsi fut Perret, atypique et Français toujours, délectable écrivain.
On en parle :
Jubilatoire
Si la lecture est jubilatoire, le propos est grave derrière la fluidité et l’élégance du style : Perret parle d’honneur, de courage, de noblesse, de patrie. Et du temps qui efface tout.
Frédéric Valloire, Valeurs Actuelles, 16/22 février 2012
Quand meurent les héros
Jacques Perret est un bloc. Avec lui, pas question de chipoter. Ou l’on passe son chemin. Ou l’on s’attable Les inconditionnels appartiennent a toutes les familles, littéraires comme politiques. Ils n’ont en commun que le goût de la belle musique Et du parler dru.
Gérard Guégan, Sud Ouest, 13 nov 2011
Le voilà, Perret !
"Scarlett, agent secret de la civilisation dans les barbelés, nous a dit : "Soyez sudistes !"
Rarement un roman populaire (Autant en emporte le vent) aura eu droit à une telle reconnaissance, en prise directe non avec ses qualités littéraires ou artistiques mais avec son cœur battant et son âme. Deux autres textes rapportent avec finesse et émotion le pèlerinage de Perret sur ses lieux de captivité en Allemagne, huit ans après la guerre. "Pour Ramos", éloge du maquisard inconnu et petit traité de fraternité, est tout aussi vibrant, dans sa manière, toute de pudeur et de discrétion. Mais le plus personnel de ces récits, et le plus inoubliable, celui qui ouvre le recueil, n’est pas consacré à la seconde guerre mondiale mais à la précédente : "La mort de mon grand frère " nous transporte dans la France d’avant où l’on comprenait "quelle institution miraculeuse était la famille où sans être d’accord sur rien on peut s’embrasser à propos de tout (…) Sur Dreyfus, déchirons-nous, mais sur Fachoda, holà !". Si une nostalgie perce dans ces pages bouleversantes, c’est bien celle d’une harmonie perdue. En août 1914, Jacques Perret a 13 ans. Il voit son père et son frère partir à la guerre. Le premier est fait prisonnier ; quant au second, tireur, il savait que tout boutefeu doit s’attendre à des retours de flamme. Les casquapointes le lui ont rappelé cruellement. Leur mère se replia dignement "dans les larmes et sous les armes" ; écrasée de chagrin, elle n’en continua pas moins jusqu’au bout à "surveiller la France en veillant son enfant", s’abîmant dans la désolation jusqu’à ce qu’elle fut recrue de jours.
Pierre Assouline, Blog Le Monde/La République des livres, 23 octobre 2011
Ceux de quatorze et ceux du maquis
Ce que chante Perret, lorsqu’il évoque ceux de quatorze et ceux du maquis, est très simple et très français: le courage enfantin, la camaraderie franche, la solidarité d’entrailles, l’honorable trouille et le bonheur du devoir accompli.
Sébastien Lapaque, Le Figaro Littéraire, 20 octobre 2011
A chaque fois, Perret y cultive ce style si particulier, d’une simplicité qui touche au but et au cœur.
Anthony Dufraisse, Le Matricule des Anges, octobre 2011
Jacques Perret écrit en 1948 cette stylistique du barbelé. Elle rappelle autant sa vie qu’elle justifie son style, où adverbes et adjectifs s’échappent en nombre d’une phrase à la syntaxe de fer, rappelant les grandes heures du certificat d’études et propageant sa faconde et sa rage enluminée.
Philippe Lançon, Libération, 13 octobre 2011
Jacques Perret revient et c’est une bonne nouvelle. C’est même toujours une bonne nouvelle que de lire ou relire ce styliste né, à la prose teintée d’ironie et de distance (…) Dans ce nouveau recueil, tout est à lire évidemment, depuis l’émouvant et profond texte sur son frère jusqu’au récit de la mort de Ramos.
Philippe Maxence, L’homme nouveau, 8 octobre 2011
Le courage en bandoulière
Délicieux écrivain et conteur, Jacques Perret nous raconte sa guerre au maquis. Une douce leçon de patriotisme lucide et d’amour du pays (…) Ces nouvelles magnifiques sont des hommages pacifiques au courage. A l’engagement. Au patriotisme en ce qu’il a de plus noble, de plus désintéressé. C’est du Perret à l’état brut. Celui qu’on aime.
Philippe Lacoche, Le Courrier Picard, 7 octobre 2011
La position du lecteur couché
Entendons-nous bien: il est l’un des ouvrages qui sont en pile sur ma table de nuit avec (Le Dilettante) de Jacques Perret.
Raphaël Sorin,Libération, 4 octobre 2011
L’épingleur toujours en verve
Mais il est comme ça Perret, stylé, élégant et grinçant, jusqu’au bout de son honnêteté intellectuelle.
Philippe Villard,Le Nouvelliste, 4 octobre 2011
Le voilà, Perret
Toutes ces histoires se retrouvent Dans la musette du caporal, recueil de sept textes inédits en volume, longs articles ou vraies nouvelles, où Perret se revisite lui-même (…) Il est comme ça Perret, triste et drôle à la fois, élégamment désespéré, détestant les "flafla" et les flonfons. Styliste incomparable et bretteur fidèle à ses idées.
Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo, vendredi 9 septembre 2011