Résumé :
Onze fois douces et onze fois amères, ces onze nouvelles de Maurice Pons. Onze petites fioles débouchées d’où monte à pas lent une fragrance nauséeuse. D’elles émanent, lourdes et entêtantes, une délicatesse feutrée et morbide, la saveur toxique d’une friandise fondante et empoisonnée qu’on laisserait se dissoudre sous la langue et qui vous expédie sagement, sans bruit ni fracas. Onze fois le goût d’une herbe fatale qu’on mâche comme ça et qui vous tue l’air de rien. Tout cela, discret et glaçant comme un entrefilet poli qui vous avertirait de votre propre mort.
Laissons Le Dilettante nous faire les honneurs de cette bonbonnière profonde comme un tombeau. Au hasard, la première : il y a ce boulanger qui, un beau matin, se perd dans la nature, dont la femme épouse le mitron, dont le fils bute, à date fixe, sur le fantôme et dont on retrouve peut-être les os dans la boue d’un chantier ; il y a Angeline, bambin asiatique, qui étourdit le passager d’un avion avant d’être retrouvée, dépecée, dans un sac poubelle ; il y a Sylvie qui, toutes veines ouvertes, appelle d’un lieu sans téléphone ; il y a Muriel Simon, actrice, qu’un tandem de scénaristes avinés veulent couler dans le béton d’un scénario sanglant et qu’on retrouve charcutée dans un parking ; il y a Nadia, fille de l’air, morte qui ne tient pas en place…
Une silencieuse parade de fantômes insistants, de vivants fantomatiques, d’êtres impiégeables balancés entre douceur et amertume comme entre morts et vivants, de présences qui ne tolèrent guère que la rêverie d’un ami, l’agenda du hasard, qui fuit les coups de sonde de la logique. Maurice Pons réfute la brocante fantastique, l’effet-tripaille, parle sans hausser le ton de choses affolantes, écrit avec des mots plats et minces comme une lame de rasoir. Vivre pour lui est un état second ; alors laissons faire…
On en parle :
À quoi il convient d’ajouter le bonheur le bonheur d’avoir retrouvé Maurice Pons au meilleur de sa forme littéraire. Comme ses personnages, l’écrivain était devenu un peu fantômatique. Depuis vingt ans et mis à part ses mémoires, l’auteur de l’inoubliable" Mademoiselle B. "n’avait plus donné de ses nouvelles: les voici donc, toutes fraîches. Elles sont à consommer sans modération.
Jérôme Garcin, La Provence.
Avec toujours la même tranquillité d’écriture, Maurice Pons saute de mystères en cadavres, comme s’il exigeait que son lecteur prenne enfin le temps de bien observer, sa maison, son jardin, ses ami(e)s…Toutes ses réalités qui, finalement, pourraient bien prendre, un jour, un autre visage.
I.D., La Voix du Nord.
Son écriture fine, réservée, sans fracas pour dire quand même douleurs et peurs, exhale un parfum rassurant, comme quelque chose de connu et d’oublié. Un peu désuet mais si parfait.
Martine Laval, Télérama.
Écrivain rare et exigeant, Maurice Pons nous entraîne ici dans onze histoires qui frisent le fantastique sans jamais céder aux lois spectaculaires du genre. Ses onze nouvelles nous entraînent dans un climat beaucoup plus subtil.
Michel Cyprien, Le Généraliste.
Il y a dans ce recueil, relevant du fantastique à visage humain, une gravité glacée qui défie toutes les lois. Bel effet. Comme un coup de lapin, porté par une caresse.
P.S., Le matricule des Anges.