Résumé :
C’est La Boétie, le laideron rond et frémissant, l’élu de Montaigne, l’homme lentement submergé par la mort, que Deroche choisit pour vis-à-vis, pour épaule où peser quand l’amertume est trop forte, comme oreille amie où couler le flux de mots précis, le détail de ses cogitations d’être malade. Il veille son corps, en fait le centre d’une ronde thérapeutique où les noms de médicaments semblent des noms d’oiseaux. L’armoire à pharmacie se mue en blason du corps pour une remembrance des instants de plaisir, des figures charmantes ou honnies. Une poétique du corps rongé, hors sexe, s’élabore là, lentement, avec une patience rageuse.
" La chair est triste Étienne, et je n’ai plus qu’une demi-barrette de Lexomil ", ainsi parle Deroche, une gélule sous la langue comme jadis les ermites posaient la main sur un crâne.
On en parle :
Frank Deroche pratique avec humour l’inversion pour mieux rire de son aversion. Loin des descriptions habituelles des corps qui prennent leur pied, Effets secondaires fait l’éloge du cor au pied. Bergson a écrit que le rire, c’est du mécanique plaqué sur du vivant. Une définition assez proche de celle de la sexualité en somme.
Olivier Maison, Marianne, 26 août 2002.
Frank Deroche ou la littérature sur ordonnance. Il met en parallèle des passages “érotiques” chez Jean de la Croix et Virginie Despentes ; lance une fatwa contre Michel Houellebecq ; ou encore voit Christine Angot en Joconde. Effets secondaires est à peine un roman, bien plus un “olni” (objet littéraire non identifié), un pur exercice d’écriture, assez novateur. D’aucuns adoreront, il en irritera d’autres.
Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo (avant-critiques)*
Une phrase maîtrisée et harmonieuse, qui dissèque avec un humour ravageur la condition de l’homme moderne.
PAGE.
Ce premier roman de Franck Deroche, où les phrases flanchent sous une épidémie de noms der marques, est à prescrire aux hypocondriaques. Sauf avis contraire de leur libraire.
P.P., Le Matricule des Anges.
Le premier effet de cet opus est de ravir le lecteur désireux d’acquérir des connaissances médicamenteuses (sur les anxiolytiques, notamment). L’effet secondaire est d’endiguer le spleen automnal par un regard désabusé et piquant, qui n’oublie jamais de rire de soi.
V.E., Le Point.