Résumé :
Jouissant pleinement d’être "en bonne compagnie", André Fraigneau invente sous nos yeux un nouveau temps grammatical : le passé présent, dit encore le "présent du subjectif". Il fait de la mémoire un sport d’équipe, une aventure commune qui incarne tout un art de renouer, de revivre : il faut être deux pour se souvenir. Loin de la remembrance pesante, il s’agit de reviviscence : pas de sonnerie aux morts, mais l’indomptable jazz-band du souvenir ou le crépitement d’épinette des petits moments élus revenus gratter à la vitre. Les morts jaillissent sous nos yeux comme foulards hors de la manche ; la présence des vivants se concentre. Voici Anna de Noailles, loquace et crépusculaire, Christian Bérard, bordéliquement chimérique, Brasillach pour le bras dessus, bras dessous de toute une vie, Dior célébrant la messe pontificale d’une nouvelle collection, Cocteau-ci, Cocteau-là, Morand for ever, Radiguet radieux, Nimier. D’ondoyants croquis d’un seul trait que croise une visite aux mannes mexicaines de D.H. Lawrence ou à l’atelier d’Henri Sauguet. Fraigneau ne monte pas en chaire, ni ne polit sa boule de cristal, "abstracteur de quintessence" ; il se contente de fermer les yeux et de laisser monter vers lui le passé comme un parfum. Pas d’absence, rien que d’invisibles présences traduites par le clavecin d’un style tout à tour sec et foisonnant.
On en parle :
En bonne compagnie d’André Fraigneau
Plus qu’un témoignage documentaire, ces portraits anti-people sont des leçons de dignité critique dont nous serions bien éclairés de réinstaurer l’enseignement dans les écoles de Journalisme.
Blog Ameleia, Extrait du Magazine des Livres, 4 juillet 2010
Avec une indéniable élégance de ton et de style, une clairvoyance étonnante et un sens de la formule juste, André Fraigneau livre en quelques pastilles ses souvenirs, le témoignage précieux de ses émois et de ses emballements de jeunesse.
Thierry Richard, Chroniques du Plaisir, 18 juin 2009
On devrait toujours écrire ainsi : la France retrouverait sa littérature aujourd’hui abandonnée à l’anglo-saxonie. On devrait toujours écrire comme cela, ce qui revient à écrire non comme ça vient, mais quand ça vient.
Benoît Gousseau, Politique magazine, mai 2009
Au-delà d’un name-dropping où Nimier, Morand, Anna de Noailles, Brasillach mais aussi Christian Dior sont évoqués dans cette lumière légèrement surexposée des souvenirs heureux, les textes de Fraigneau révèlent une acuité du regard qui doit autant à celle du reporter des années cinglantes qu’à celle de la méthode La Bruyère, c’est-à-dire un réalisme de l’essentiel : "l’amitié stellaire débute toujours comme une rencontre dans la rue entre deux fumeurs, par une demande ou une proposition de feu"
Jérôme Leroy, Valeurs actuelles, 14-20 mai 2009
Le général des hussards
Portraitiste hors pair capable à la fois de dessiner les contours et d’analyser les êtres et les œuvres. (…) La justesse des propos d’André Fraigneau nous impose de lui laisser le mot de le fin : "La littérature française est une longue suite de préciosités, souvent contradictoires, que coupe, à intervalles fixes, le cri le plus nu et le plus humain qui puisse être. C’est un cri de foi, de révolte, d’amour ou de mort" , écrivait-il avec fulgurence en 1943.
Alexandre Fillon, Lire, mai 2009
Dans ce bouquet de quinze rencontres, datées de 1938 à 1970, les personnages célèbres, désormais devenus des mythes, ne sont pas traités comme des people. Pas plus que le narrateur n’est une groupie : on se retrouve entre amis.
Bernard Chapuis, Madame Figaro, 25 avril 2009
Au travers de personnalités brillantes, remarquables à des titres divers, campées avec humour et tendresse, se dessine en creux le portrait de Fraigneau lui-même, écrivain précieux, dans tous les sens du terme.
P.-L. Moudenc, Rivarol, 24 avril 2009
Une projection de diapositives littéraires, en somme, alimentée par une sensibilité esthétique de qualité, mondaine et érudite.
Camille Decisier, Le Matricule des anges, avril 2009
Hussards d’hier et d’aujourd’hui
Raymond Radiguet, André Fraigneau ne l’a pas rencontré. Mais dans les pages qu’il lui consacre, en 1943, on peut voir comme l’annonce de ce qu’allait être le style "hussard ": "Radiguet est le dernier franc-tireur qui soit venu rappeler le style français à son devoir de droiture, de vitesse et d’efficacité."
Dominique Guiou, Le Figaro littéraire, 9 avril 2009
L’homme a du style, de l’aisance, de la minutie et de la nuance. Il observe, capte l’atmosphère, croque une attitude ; c’est un portraitiste délicat et subtil.
Philippe Lacoche, Le Courrier picard, 2 avril 2009
Pour André Fraigneau, la littérature française est une longue suite de préciosités, souvent contradictoires, mais ce qui l’intéresse, lui, c’est le cri qui, littéralement, coupe ces préciosités, un cri nu et humain, qui est toujours le fait d’hommes singuliers, c’est-à-dire seuls.
Alice Granger-Guitard, e-litterature, 15 mars 2009
On reconnaît un vrai chroniqueur mondain en ce qu’il démondanise son monde. Il est plaisant sans artifice, élégant sans emphase, profond sans la vanité des profondeurs.
Amélie Rouher, Le Magazine des livres
Il voulait écrire sur la grandeur et ne craignait pas d’user d’un style parfois grandiloquent.
Ses mots récurrents étaient l’élégance et la grâce. Il les cherchait chez ceux dont il goûte la compagnie et dont il dresse l’impérial portrait.
Jérôme garcin, Le Nouvel observateur, 19-25 mars 2009
Fraigneau pratiquait la pointe sèche et saisissait les éclats les plus fragiles sans jamais les flétrir.
Christian Authier, L’Opinion indépendante du Sud Ouest, 6 mars 2009
C’était sûrement une grande époque (à défaut d’être "belle" ) où la littérature tenait le haut du pavé et déchaînait les passions. Même sans la partager, pas plus que ses idées ou ses goûts, on peut parfois comprendre la nostalgie de Fraigneau, quasi permanente dans ces pages. C’est celle d’un survivant célébrant la mémoire de quelques-uns de ses amis, disparus si longtemps avant lui.
Jean-Claude Perrier, Livres-Hebdo, 20 février 2009