Résumé :
Glaces sans tain ou l’art de voir sans être vu, de scruter à loisir sans subir de regard en retour, œil de Dieu, pupille du Diable qui sonde en paix les plis et replis de l’âme rongée. Quel meilleur titre pour ce recueil de nouvelles signées Soluto où un quatuor d’esprits aux abois se dénude et s’explicite face à un miroir qu’il croit opaque, mais derrière lequel Soluto convie le lecteur à prendre place. On assiste ainsi à la mise à nu, lente, méthodique, scrupuleuse de la vie d’un chirurgien émérite et digne père de famille qui se souvient du lycéen normand qu’il fut. On suit le déroulé de l’existence psychiatrique d’une brute lourde hantée par une voix qui lui chuchote les envers secrets du monde. On accompagne le destin morne d’un éternel petit garçon figé dans l’enfance. Et pour clore, on met nos pas dans ceux de Soluto lui-même, portrait de l’écrivain en peintre dragueur de supermarché.
Soluto ou l’art de la confession d’autant plus impudique qu’elle se croit soliloque. Les glaces sans tain ont un parfum amer.
On en parle :
Ces quatre fables glaçantes font du lecteur un voyeur malgré lui. Elles mettent en piste des individus dont l’amoralité et le pragmatisme, outre qu’ils dérangent le confort moderne de la bien-pensance, provoquent un périlleux examen de conscience. On y observe un assassin impuni, un schizophrène lucide, un homme-enfant et un phallocrate de la plus belle espèce. Soluto, dans une langue très maîtrisée et savoureusement argotique, scrute leur inquiétant cheminement psychologique, jusqu’au malaise. C’est exquis.
Véronique Cassarin-Grand, Le Nouvel Observateur, 10/16 janvier 2013
Pauvres types
Le voici au Dilettante avec un recueil de quatre nouvelles originales et décalées, servies par une écriture virtuose. Dans Glaces sans tain, Soluto joue l’écrivain voyeur qui regarde ses personnages en même temps qu’il sonde leur psychologie et leur donne la parole, puisque chacun d’entre eux raconte sa propre histoire à la première personne. Ce qui les unit, outre leurs racines normandes, c’est que ce sont des antihéros, de" misérables tas de petits secrets "(…) Le recueil lu, on pense à Flaubert – un autre Normand – non point pour le style : on est plus proche, ici, de Frédéric Dard. Mais pour sa déclaration, à propos de Madame Bovary :" J‘ai voulu peindre ces moisissures que l’on trouve en bas des murs. " C’est un peu le projet de Soluto, révéler la médiocrité de la vie ordinaire.
Jean-Claude Perrier, Avant-critiques /Livres Hebdo, 16 novembre 2012
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