Résumé :
Avoir la tête ailleurs, condition, dit-on, de toute poésie, mais fatale, parfois, aux poètes. Dont acte avec le Toulousain René Laporte (1905-1954), fauché par une voiture en plein Paris et que le Dilettante arrache aujourd’hui au "?charnier des recalés de l’histoire littéraire?", rééditant avec une préface de François Ouellet son Hôtel de la solitude paru chez Julliard en 1944. D’origine bourgeoise, il entre vite en poésie, ouvrant ses Cahiers libres aux surréalistes dès 1924, courant dont l’influence marque ses premiers romans?: Le Dîner chez Olga (1927), La Part du feu (1935). Haut fonctionnaire de l’information, Laporte, dans les années trente, révoque le pur jeu poétique pour politiser son œuvre littéraire, en faire un témoignage contre la crue montant des régimes totalitaires. En témoigne "?La Journée du 8?mars?", poème terrible sur la remilitarisation de la Rhénanie. Résistant actif (on lui a confié la surveillance de l’antenne pro-allemande de Radio Monte-Carlo), il fait de sa maison de la place du Barri, à Antibes, un pôle d’activités clandestines et de survie littéraire, y accueillant Breton, les Aragon, Ponge, Éluard, d’autres. "?Il n’y a pas d’oubliettes/au château du roi René?" écrira Jacques Prévert. C’est un écrivain en pleine phase de reconnaissance publique qui décède d’un traumatisme crânien le 1er?mars 1954.
Écrit en 1942, Hôtel de la solitude nous entraîne dans le sillage de Jérôme Bourdaine, scintillant chevau-léger de l’après-guerre, qui élit comme ermitage pour sa rêverie un singulier hôtel de La Turbie, sur la Côte d’Azur. Monde sous cloche, asile hors du temps aux murs calligraphiés de versets coraniques, lieu mental gardé par un couple d’êtres bonasses et affairés, les Barca, heureux d’invoquer les ombres chamarrées, fantômes 1900 qui firent la gloire du lieu. Survient alors, au cœur de cet asile de jour pour cœur en vrille, une Nadja longue et fine répondant au nom de Mme?Zoya Sernitch, belle flanquée d’un époux cocasse aux tressautements de souris chauve. Idylle alors de s’ébaucher entre Jérôme et Zoya et ce parmi les ruines antiques qui ornent le lieu. Un ballet d’ombres lasses et de cœurs fringants qui s’évanouira au matin, romance sans lendemain. Entre trouble modianesque et griserie à la Mandiargues, chambre vous est donc retenue à ?l’Hôtel de la solitude,? calme assuré et vue sur les songes.
On en parle :
Un ballet d’ombres lasses et de cœurs fringants qui s’évanouira au matin, romance sans lendemain. Entre trouble modianesque et griserie à la Mandiargues, chambre vous est donc retenue à l’Hôtel de la solitude, calme assuré et vue sur les songes. C’est absolument délicieux.
La sélection de Xavier de Marchis de la librairie" Contretemps "à Paris, A livre ouvert : Des livres pour l’été, samedi 7 juillet 2012 (à partir de 5¨56)
Un établissement à recommander
Qui connaissait le nom de René Laporte, dont Le Dilettante vient d’exhumer Hôtel de la solitude, paru chez Julliard en 1944 ? Difficile de ne pas être touché par tant de grâce, de charme, de langueur et de mélancolie. Cet été, il n’y a sans doute pas adresse plus surprenante que l’"Hôtel de la solitude", où l’on se doit de faire escale.
Alexandre Fillon, Sud Ouest, publié le 24/06/2012
Ouvrez Laporte !
Pendant l’Occupation, Jérôme Bourdaine vient se réfugier pour donner du repos à son épuisante légende de joueur, coureur, noceur, valseur et buveur. Il lui plaît de se mettre à l’écart de l’histoire et au dessus de la Principauté pour s’installer dans le provisoire (…) Dans ce roman au charme nervalien, le vaporeux l’emporte sur l’amoureux et l’onirique sur l’érotique." Hôtel de la solitude "met en scène un royaume imaginaire et autarcique au cœur de l’Europe martyre (…) Pour autant, ce roman très écrit n’est pas une satire du désengagement; c’est plutôt une apologie de la rêverie solitaire, comme si, en temps de guerre, l’exil intérieur et la poésie étaient les seules promesses de liberté.
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur, 14/20 juin 2012
Prenez Laporte
Une fois de plus, les Éditions du Dilettante exhument un grand texte oublié; c’est une manie réjouissante. (…) Découvrir Laporte avec ce roman est un ravissement. L’écriture d’un autre temps exhale une sensibilité révolue, son Jérôme est un Gilles qui ne serait pas perdu. Un bonheur.
Nicolas Ungemuth, Le Figaro Magazine, 9-16 juin 2012
Les dandys dilettantes ne meurent jamais
Un roman chic et mélancolique de René Laporte.
Hôtel de la solitude est de ces livres qui rompent avec la pesanteur du temps et les calibrages imposés. C’est léger, dandy, un enchantement de chaque page. Les phrases ont la grâce des volutes de fumée en terrasse d’un bar d’été. (…) L’amour, définitivement, est ce beau souci inutile, ultime fuite au cœur des heures troublées : "De nos jours, on disparaît sans laisser de traces, plus aisément que dans les siècles les plus obscurs. Nous vivons tous présentement dans des prisons incommunicables. Personne n’oserait imaginer que je me suis offert la liberté." Avec René Laporte, la liberté, c’est-à-dire la clé des champs de ruines, c’est aujourd’hui.
Arnaud Le Guern, Causeur, 9 juin 2012
Hôtel de la solitude est une ode à la disparition et un manifeste en faveur de l’irréalité si propice et nécessaire à l’éclosion du sentiment le plus intact. Cinq étoiles !
Olivier Cariguel, Le Magazine Littéraire, juin 2012
Un homme et une femme, un vaste hôtel vide, la douceur d’un climat, les heures qui s’allongent, tout est réuni pour un carrousel de clichés que la plume ironique de Laporte fait voler en éclats, réinventant la mélancolie et la douceur d’un amour qui se sait condamné à la beauté du fugace. Hôtel de la solitude possède une musicalité précieuse, petite sonate nocturne qu’un soleil vient par moments traverser. Réservez une chambre, on vous y invite.
Ces mots-là, c’est Mollat, Bordeaux, Juin 2012 in Mémorable
Chambre avec vue
Le bref roman à l’écriture magique d’un des enfants oubliés du surréalisme.
François Julien, VSD, 31mai/6 juin 2012
La vie comme une valse
Qui de rose devient cocasse, et même un peu grinçante, quand Jérôme y rencontre Madame Zoya Sernitch. René Laporte peint alors en gris-mauve une idylle en temps d’Occupation.
Michel Boissard, La Gazette de Nîmes, 17/23 mai 2012
Onirique
Ce long poème en prose nous enchante par une suite de bonheurs d’expressions. Quelque chose de pressé anime René Laporte. Avec le recul du temps, force est de constater qu’on savait écrire tandis que disparaît un autrefois aujourd’hui si séduisant.
Alfred Eibel, Valeurs Actuelles, 17/23 mai 2012
Le Théâtre d’une idylle sans lendemain (…) La description de ce havre de paix deserté en temps de guerre et l’observation du couple d’émigrés russes qui s’y installe sont d’une rare finesse (…) Un roman qui semble tout entier écrit sous le signe de la fuite.
Anthony Dufraisse, Le Matricule des Anges, Mai 2012
Un recalé de l’histoire littéraire
Le roman délicieusement déchirant d’un écrivain oublié
Tout est délicat et solaire dasn Hôtel de la solitude, y compris ses note désenchantées. Cela ne prendra jamasi une ride !
Christian Authier, Le Figaro Littéraire, 3 mai 2012
Ouvrons Laporte
Le petit bijou de René Laporte, un écrivain injustuement oublié
Son œuvre est avant tout celle d’un poète (…) C’est très cérébral, très écrit, dans un style encore surréalisant et chargé en images, surtout au début (…) Mais bien vite Laporte impose ses personnages dans leur décor de rêve et leur huit clos théâtral.
Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo, 27 avril 2012
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