Résumé :
"Respirer, c’est déjà consentir"a écrit Henri Michaux. Dès le départ, dès le premier cri, le premier souffle, on a donc signé, embarqué de force, on a sa place en fond de soute de la commune galère et son numéro de rameur. Rompre sera dur et demandera une ascèse impitoyable. D’où la nécessaire lecture que représente Je préfère ne pas d’Alain Schifres, manuel pince-sans-rire de désarrimage généralisé, ABC de la rupture franche pour tous ceux qui ont décidé, une fois pour toutes, qu’on ne les aura pas vivants, qu’il n’y a plus d’abonné au numéro demandé. Adossé au Bartleby de Melville et propulsé par la doctrine"évitiste"de l’Américain Roger Price, il nous enseigne l’art et la manière de contourner cet obstacle tenace qu’on appelle le monde tel qu’il va, de scruter le ciel en plein carrefour, de tendre son hamac en travers d’une sortie de secours, bref, d’être un"champion du faire-semblant", de paraître en être alors qu’on a fui depuis longtemps. Art du"regard en coin sur les choses"qui dégonfle les baudruches domestiques, le Quid ou la convention d’obsèques, le téléphone à l’ancienne ou la mode des condiments, met à mal dieux lares de la culture contemporaine tels le journaliste complice, le cadre en son confort, la biodiversité ou la novlangue. L’évitiste qui se respecte met en place un certain nombre de pratiques salvatrices : regarder la télé sans le son, entonner une ode aux moucherons morts qui paraient les pare-brise. L’évitisme, et Schifres nous le prouve, est bien un humanisme de haut vol, notre unique voie de salut, celui qui riposte à l’urgence par la sieste et oppose aux dictatures du moment le dandysme forcené de l’inadéquation.
On en parle :
AUDIOVISUEL
« Mon conseil, c’est un livre qui s’appelle « Je préfère ne pas », c’est au Dilettante. Un livre absolument merveilleux d’Alain Schifres, placé évidemment sous l’égide de Bartleby, où Alain Schifres pratique l’évitisme, je dis bien l’évitisme, avec maestria. Comprenez l’art de l’esquive et du contournement. Pour vous convaincre de le lire, je ne résiste pas au plaisir de vous citer la première phrase : « Je ne vous dirai pas l’âge que j’ai mais mon dernier gâteau d’anniversaire ressemblait à une retraite aux flambeaux filmée par Leni Riefenstahl.
Jérôme Garcin, Le Masque et la Plume, 14 mars 2021
PRESSE NATIONALE
« … il épingle le ridicule des importants et les mots creux d’une époque exténuée… Alain Schifres est de ces anarchistes sans acrimonie pratiquant l’art de l’esquive comme un sport de combat. »
Christian Authier, Le Figaro Magazine, 15 janvier 2020
Claire Devarrieux, Libération, le 9 janvier 2021
« … ouvrez ce petit livre plein d’esprit où Alain Schifres saute sans cesse du coq à l’âne : une apologie de la flânerie contre le formatage. »
Louis-Henri de La Rochefoucauld, L’Express, 7 janvier 2021
« … hautement déconfinant… », Frédéric Pagès, Le Canard Enchaîné, 6 janvier 2021
« Une série de saynètes désopilantes qui mettent en scène son art du retrait, élevé au rang d’existentialisme. »
Jean-Claude Raspiengeas, La Croix L’Hebdo, 2 avril 2021