Résumé :
"La chair nivernaise s’est faite triste, hélas, et j’ai lu bien des livres", maugrée Bastien Sentiment, notaire. D’où nécessité de fuir "là-bas". Et ce "là-bas", c’est l’Inde. L’Inde, spacieux parc aux tigres où pour assouvir son érotique fringale de grosses prises, il atterrit à Calcutta sur Bengale, en plein hourvari politique et s’implante au Great Eastern Hotel (concierge Mr Sanjiv, dit le Manchot). Immergé dans la ville, le voilà qui hume, palpe, mastique, s’imprègne, quand sort des eaux gangéennes la terrible Shatee, divinité locale de l’indiano-bolchévisme, seule source possible de permis de chasse, avec laquelle il fusionne au fil de moult galipettes tantriques hautement sculpturales. Les amants randonnent en ville, de zoo en meeting, quand survient l’atroce nouvelle : exclu le permis de chasse et fusils mis sous séquestre. Seul le mariage dévérouillera cela, croit-il un moment. Que nenni, car l’État s’en mêle.
Après un Paris noyé, c’est une Calcutta délicieusement bourbeuse tel un bain de vase aux aromates où nous offre de descendre Emmanuel Pierrat avec cette tartarinade flamboyante comme une boîte de cigares, plus fessue qu’un Clovis Trouille et plus gouleyante qu’un curry de babouin aux cent saveurs : OH ! CALCUTTA !
On en parle :
Après un très remarqué Histoire d’eaux (Le Dilettante, 2002), il revient aujourd’hui avec un texte sans doute encore meilleur et, surtout, drolissime : La Course au tigre ou l’histoire d’un notaire pas comme les autres. (…)Mieux que personne, il décrit cette ville (Calcutta) qui sent le mazout et les excréments, cette ville qui offre" ses plaies en spectacle ". Les chapitres aux titres fabuleux, qui rappellent ceux du malheureusement oublié Maurice Dekobra – Shâdou, shâdou ; Kafkaland ; Bouche-du-Diable… -, se succèdent, et Emmanuel Pierrat finit par entraîner le lecteur dans une course aussi folle que désopilante. C’est qu’il en a du souffle, le joli bougre !
Emilie Grangeray, L’Officiel de la couture et de la mode de Paris, Mars 2003.
Incertaine et peut-être inavouable, la morale de l’histoire est assurément moins importante que son déroulement, sa progression, ses embardées contrôlées. Élégant et toujours inattendu, le style permet d’élever le divertissement au rang d’un art.
Patrick Kéchichian, Le Monde des livres.