Résumé :
" D’avoir candidement causé une rixe entre bourgeois frileux, d’avoir été couvée jusqu’au sang par une mère à l’angoissante solitude, d’avoir langui, confinée en un petit pavillon, de tout cela Dinah est morte, goutte à goutte, d’une douce implosion de sang et de fièvre. Dans ce court roman, publié en 1928, Emmanuel Bove retrace en amont la cause absurde de ce petit bout de mort, au carrefour de trois existences bafouées : l’ami déçu, frère trahi, architecte refoulé qui sangle ses mornes journées dans la routine minutée d’une austère vie d’entrepreneur ; la mère, fille ruinée d’un trop fantasque philanthrope anglais, digne quand même ; le proprio âpre au gain, cœur en dur. Reste Dinah, fillette translucide, sur qui la vie ne parvient pas à prendre et qui se laisse gagner, rose de fièvre, par le lierre d’une mort douce et suffocante. "
On en parle :
Dans ce style simplifié qui est le sien, volontiers dépouillé, tranchant, Bove nous donne ici encore un exemple parfait de sa petite musique : un lento decrescendo, traversé de doutes et de torpeurs, où les choses de la vie vont toujours bancales, toujours pincées – comme on le dit parfois d’un cœur.
Jean-Luc Coatalem, Le quotidien de Paris, 29 janvier 1992.
La mort de Dinah est bien à l’image de l’œuvre de Bove, qui a souffert d’un relatif désintérêt du public. Des livres étonnamment modernes, portés par une écriture d’une précision et d’une rigueur rares.
M. P., La Cité.