Résumé :
Si la mémoire du déporté a cet air de corps brûlé où ne repousse rien, plaque surexposée que l’horreur a stérilisée, le mental captif, lui, est bien vivant, grosse poche grouillante d’anecdotes crasseuses, de gestes inavouables, de mots bêtes. La peau et les os est cette vision de l’humanité prisonnière, parue en 1948. Passé composé : c’est le temps du retour, on se resangle dans son quotidien-famille. Tourner en rond, vider enfin ses tripes, seul, dans de l’émail blanc et propre, après un si long trou d’ordure sans fond. Faire semblant, n’être plus qu’un semblant d’être, qui va se mécanisant à petites rafales. Au bout du compte, sentir qu’"il n’y a plus rien". De la peau à peine. Et des os.
On en parle :
Un court chef-d’œuvre, une littérature à l’état de squelette, et Hyvernaud, de sa baguette magique faite de mots simples, montrant à l’amphithéâtre, os après os, de quoi est fait l’homme, ce qu’il fait l’homme, et ce qu’il ne fait pas, pour son malheur, toujours recommencé.
Bertrand Delcour, Le Jour.
Récit de temps de guerre, de l’enfermement dans un temps sans temps, sans rien que le cercle des mêmes gestes, des mêmes mots.
Les Inrockuptibles n°200.
À entendre cette prose incisive, on s’étonne de la quasi-confidentialité dans laquelle cet écrivain est tenu.
Patrick Kéchichian, Le Monde des livres.
Ce serait bien que tout le monde se mette à lire Georges Hyvernaud. Puis se taise un petit bout de temps.
Jean-Pierre Cescosse, Diacritik, 28 mai 2020