Résumé :
On croit tous se connaître comme sa poche, repères et certitudes, mais un jour, voilà, ça dévisse, survient le trou d’eau, l’angle mort, le réel dégonde : on est soudain confronté à un mystère. C’est ce qui arrive à Chef, photographe madré et virtuose, père de famille en dérive, alcoolique grand angle sujet à des trous d’air qui le laissent sans mémoire, qui peine à faire le point et se vit des Amour(s) en super 8 : un beau jour qu’il trifouille son portefeuille, il tombe sur le Photomaton d’une" gueurle "étrange, Emma, magnétique, louisebrookesque, photo surprise qu’il ignorait trouver. Traquer la belle inconnue devient son cap et son sens : ce qui le conduit à troubler la vase du Ruby’s, boîte de nuit glauque, rendre le jour à la tragique histoire du fulgurant photographe Joseph Bismuth et à Sarah, son modèle, ramener à la surface la silhouette et l’aplomb de Zimmerman, aventurier à gourmette et fin goûteur de clichés, être arraisonné par Martin Martin, commanditaire ministériel ondoyant, et surtout prendre en écharpe la belle dodue Ombeline dont il aspire à ce qu’elle soit l’égérie de son prochain film. Mais quel film ? quel modèle ? quelle boîte de nuit ? Et si tout cela n’était que les craintes et tremblements d’un corps délité, les syncopes vagales d’une mémoire… Entre Siniac et Nerval, fuite en avant pochtronneuse et célébration du mythe féminin, ainsi va Chef, trahi par toutes et tous, sauf par ses rêves.
On en parle :
Quand la réalité donne corps aux romans
Sans concession mais tout en souplesse, Serguei Dounovetz trace ses lignes de l’autobiographie au polar.D’un simple rendez-vous, on peut ressortir tout ébouriffée. Ainsi fut fait avec Chefdeville, dit aussi Serguei Dounovetz, écrivain et scénariste né à Ménilmontant et basé dans le Clapas depuis bien deux décennies. Un homme d’un bloc mais pourtant multifacettes qui, via Chefdeville, signe des récits autobiographiques dans la collection blanche, tout aussi décoiffants que les polars noirs qu’il réserve sous la plume de Dounovetz. Et donc, avec, en tout, " trente bouquins au compteur ", le voici qui présente un nouveau roman, L’amour en super 8, tout en terminant le prochain polar, en structurant un autre… Et en gardant un œil sur l’exposition rétrospective des tableaux de son père, Jo Dounovetz, " artiste peintre et syndicaliste ", au Dôme. Jouer du verbe pimente l’échange Prolixe, Dounovetz s’impose naturellement hyperactif… Dans sa façon même de bouger comme de parler sans complexe en truffant son récit d’anecdotes prises sur le vif dans une langue imagée qui donne toujours à sourire. Le plaisir est transmissible. L’homme joue du verbe pour pimenter l’échange. Et gourmand, il use d’un langage gouleyant qui réchauffe les synapses. De cette syntaxe fleurie et pimentée que l’on retrouve dans ses écrits, dont ce dernier de Chefdeville : L’amour en super 8. Un livre où Dounovetz partage donc sa perception du monde, où il explore aussi ses failles et dit la souffrance de vivre sur une trame presque policière. Écrit à la première personne, son héros se débat avec une dépression. Mais toujours l’œil à vif dans ses dérives, il observe l’humanité, s’immerge au Ruby’s, bar américain, ou assiste à une soirée surréaliste à la Panacée. Et là, comme dans toutes ses tribulations, " des situations loufoques, il y en a ! Suffit de se poser cinq minutes pour remarquer "ces détails qui feront le croustillant du récit. Comme le passage d’une vieille taiseuse de son roman, celle qui est fripée à faire peur et qui,
" en fait, sort direct de Cerbère ". En trois mots, le voici qui recroque son portrait et la replace dans son espace. La mise en écriture d’un roman n’est qu’une question de projection d’images et de réglage de curseurs.
" Je n’invente rien ! "Pas besoin avec son passé de curieux avide qui touche à tout et aime à voir ce qui se passe en coulisses. Ainsi, oui, Dounovetz a été cinéaste en super 8, coursier en Vespa, colleur d’affiches, maître nageur sauveteur de la ville de Paris, chanteur de rock garage, compositeur… Des métiers qui permettent d’ouvrir des portes, de provoquer des rencontres et qui alimentent l’imaginaire de l’écrivain d’aujourd’hui. " Je me fais mes films ", s’amuse-t-il avec satisfaction. Et question polars ? " Les allumés ont toujours été là. Mais pour un polar, faut aller dans le dur, au cœur du social, du réel. "C’est certainement pourquoi Dounovetz anime de plus en plus d’ateliers d’écriture en prison. Choix motivé par "l’envie de provoquer le déclic (pour l’écriture comme la lecture) et aussi mon attirance pour les gens à la marge, déclassés". Des blessés de la vie qui donnent corps aux héros du Montpelliérain.
Camille Solveig Fol, MIDI LIBRE, 31 mars 2016
Amour et Super 8 qui décoiffent !
Action ! Après deux récits très remarqués déjà parus au Dilettante, Chefdeville se lance dans le roman et nous pond" L’Amour en super 8″. "Sans mise au point et pour seul ojectif "annonce-t-il dans sa dédicace (…) Chefdeville et son syndrome de Korsakoff mériteraient bien un film à eux tout seuls !
Valérie Susset, L’EST RÉPUBLICAIN, 13 mars 2016
ILS EN ONT ÉGALEMENT PARLÉ
LE JOURNAL DES PLAGES – juillet 2016 – Un roman magnétique à la fin totalement déconcertante. Idéal pour l’été.
Pierre Maury, LE SOIR, 19-20 mars 2016: Chefdeville, le personnage, photographe, a sombré. La mémoire en morceaux, noyée dans l’alcool et les médicaments, il ne peut compter que sur une commande pour rebondir. Et aussi, mais il l’ignore, sur un complot positif grâce auquel nous allons tout découvrir de ce qu’il a oublié. Une Simca Chambord aux courbes avantageuses, une jeune femme raccord avec la bagnole, un gangster, bien des mystères. Et un ton mieux que plaisant.