Résumé :
Dargent, le retour ! L’homme avait fait irruption au pays du chat qui sieste en 2002, avec, on s’en souvient, une pleine soupière de consommé stonien à la tête de bouc et des visions de Lyon très " Walk on the wild Saône " ; en 2010, il nous avait ravis d’une rafale de portraits juteux et déglingués de son Club des Caméléons. Avec l’opus 2013 nous sommes toujours à Lyon, en 1983, l’année où on se démaquille, l’année de la gueule de bois, celle où la Mitterrandie, après un shoot d’espérance, se fait un rail de rigueur.
Les Futuristes, nos héros, y naissent à la scène rock, pendant le festival " Nuits Jaunes " avec Heroin de Lou Reed, ce après une genèse dans la plus stricte tradition : échanges de disques, course au matériel, rameutage de l’effectif (chanteur sexy, boîte à rythmes, bassiste à l’ombre de la guitare) et répètes chez Robert. Seulement voilà, les temps sont mous, avec un impresario radical de gauche et des parents plutôt barristes, l’Apocalypse est en rade, restent des mousses au Picador et la Fnac, ses bacs, sa vendeuse, et ses imports mythiques. Néanmoins, un frémissement fanique est repérable : on parle çà et là des Futuristes, groupe frais et fringant, verte la pousse ! D’où concert en Espagne, rêves de CD, contacts, dérades, soirées. Mais rien ne prend vraiment et le groupe splite en 1984, le rêve avait fraîchi. Les Futuristes qui se reformeront, le temps d’un concert l’année 1996, ne seront plus qu’une ombre, plutôt les Passéistes d’un rêve perdu dans la déconfiture du mitterrandisme défunt. En 192 pages sans temps mort, Dargent nous chronique en parallèle les dépits d’une politique et les déboires d’une esthétique. Tchao Bello !
On en parle :
No Future
Avec Le Tournant de la rigueur, Milan Dargent signe un roman cocasse et désenchanté sur des rockers lyonnais au mitan des années quatre-vingt.
C’est à la fois le récit drôlatique des déboires des futuristes et la chronique incisive d’une époque où le cynisme allait accompagner les reniements et les trahisons (…) Milan Dargent consacre des pages aussi incisives que désabusées à "la mort du rock" symbolisée par les concerts géants du Live Aid le 13 juillet 1985 (…) Par petites touches, Le Tournant de la rigueur épingle des mutations dont nous subissons encore les dommages ou qui sont toujours à l’oeuvre. Ce regard confère une densité quasi-sociologique au roman, mais il ne néglige jamais les plaisirs du burlesque. Entre désenchantement et éclats de rire, il flotte ici un parfum de comédie italienne. "Nous nous sommes tant aimés", pourraient soupirer les personnages de Dargent. Ils auraient eu raison.
Christian Authier, L’Opinion indépendante du sud Ouest, 29 mars 2013
Ex-fan des eighties
Sur la couverture, Jacques Delors, Lou Reed, David Bowie, Iggy Pop, Pierre Mauroy et Francois Mitterrand font la fameuse chenille de Madness. Entre les pages, c’est l’histoire d’un groupe de jeunes gens qui aimeraient bien être chics, dans la calme ville de Lyon au détat des années 80. Ils montent un groupe de rock, les Futuristes, qu’ils veulent lettré, aux antipodes de Téléphone qui "chantent des âneries comme La Bombe humaine". Entre deux reprises du Velvet Underground, ils trimballent leur ennui en ce début de décennie où le gouvernement socialiste, déjà, annonce "le tournant de la rigueur". Milan Dargent signe un très beau roman sur une autre époque, une autre jeunesse… Les illusions, naturellement, seront perdues.
Nicolas Ungemuth, Le Figaro Magazine, 8/9 mars 2013
Ils en ont parlé…
Marie-Claude Bernard, Parutions.com
Aena Léo, Longueur d’Ondes
Philippe-Jean Catinchi, Le Monde des Livres
Pierre Cormary, Causeur
Étienne Dumont, La Tribune de Genève
Thierry Meissirel, Le Progrès
Estiennette Destable, Le Télégramme de Brest
C.M, Lyon Capitale
Jean-Claude Perrier, Livres-Hebdo