Résumé :
" Ils sont trois, que soudent le dégoût, l’attachement et la routine. Daniel ; sa Maman, qui le berce jusqu’au vomissement ; à l’écart, le père tente gauchement d’arracher son fils au papier de soie poisseux des caresses maternelles. Prisonnier d’un château de sable mouvant, Daniel tente de s’éjecter en peignant. Las ! Maman veille et dicte les sujets au petit peintre. Que Daniel importe dans ce bocal clos quelque azuré minois : Maman l’éjecte, sèchement. Le corps de Daniel est une toile vide, n’était cette tache : être né de maman, non rêvé par elle, mais extirpé d’elle, mal démoulé. "
On en parle :
La seconde vie de Jean Forton
Merveilleux, insaisissable Jean Forton, mort d’un cancer du poumon, à 51 ans, aussi discrètement qu’il avait vécu. Il ressemblait à ses personnages, qui ne s’aiment guère, déambulent seuls sur les quais de Bordeaux, préfèrent la pluie au soleil, ont le regret d’une enfance imaginaire et ne veulent pas grandir.
Ce roman se présente sous la forme d’un journal intime tenu par Daniel, un garçon parvenu à l’âge adulte sans avoir su se libérer de sa mère, qui le berce, le couve, le caresse, le cornaque, le terrorise, et l’enferme dans une galerie d’art, baptisée "Passage de l’archange". Il aime et déteste passionnément cette mère qui lui vole son corps, ses rêves, sa vie (il a tenté de se suicider), mais qu’il ne supporte de savoir dans les bras de son père.
L’Enfant roi est un livre désespéré, écrit avec une grâce certaine, où la beauté des femmes inaccessibles et la sereine langueur de la Garonne piquée par la bruine apportent un bonheur furtif, réparateur, mais où planent, irrémédiables, la peur du monde, l’angoisse de vivre et l’attente de la mort. Saluons ici l’humour froid, la cruauté élégante, et la langue transparente d’une pavane posthume."
Jérôme Garcin, L’Express, 27 juillet 1995
"Dans un style fluide et élégant, avec un ton contraint, faussement suave, exquisement empesé, voici un roman qui pose les Questions : qu’est-ce qu’un monstre? Qu’est-ce qu’un homme? Qu’est-ce qu’aimer?"
Jean-Marie Planes, Sud-Ouest, 11 juin 1995
Malgré la gravité des sujets abordés, Jean Forton a ce talent rare pour trouver la formule et la situation qui font mouche.
Christophe Grossi, Page des Libraires.
Forton, dont les romans portaient sur la vie un regard ironique et lucide, s’intéressait à tout mais n’aimait pas parler de lui. Il aimait manier la dérision. Peut-être se moquait-il un peu de la vie…
Sophie Avon, Sud-Ouest, 22 juin 1995
"L’Enfant roi est, sous forme d’un journal intime, un puissant et désespéré cri de révolte poussé par un jeune peintre adulé et étouffé par sa mère. Dont il ne parvient jamais à tout à fait s’émanciper, malgré ses timides tentatives. C’est drôle, émouvant, tragique aussi.
Michel Paquot, La Cité, 17 août 1995
"Jean Forton, fortissimo
Ignobles et réjouissants, les personnages de Forton n’ont d’autre souci que de séduire les femmes coûte que coûte. Forton lui-même ne cessa de punaiser dans sa carrée d’adolescent incurable des photos de jeunes filles passées à l’aérographe, petites momies pudiques; corps plus blancs qu’un nuage, chevelure blonde et manteau bleu, qui mirent en sang sa mémoire."
Patrice Delbourg, L’Événement du Jeudi, 10 août 1995
P°ar son regard extrêmement personnel, par le rire extrêmement sain qui s’en dégage, Jean Forton parvient en effet à omplètement renouveler un sujet vieux comme la littérature. Chapeau!
Michel Paquot, Art et Culture, Avril 1998
"C’est un auteur qui travaille le gris et pratique l’art de la chute. Il met beaucoup de délicatesse dans l’horreur et d’élégance dans le ridicule. Ses romans, où le trait est froid, l’atmosphère angoissante et l’humanité médiocre, sont d’une cruauté raffinée et d’une perversité raisonnée. (…) Jean Forton est disparu trop tôt, il allait être un grand écrivain."
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur, 27 novembre 2003