Résumé :
Ça n’est pas la chair, hélas, qui est triste, la nôtre et toutes les autres, à poils, à plumes, lisses, fripées ou rugueuses, c’est plutôt le traitement qu’on lui fait subir, le destin qu’on lui réserve. Vouée à l’assiette, fragile, consommable à outrance, voilà la chair animale passant du pré au croc, de la mangeoire au mandrin, via l’abattage et ses stations : transfert meurtrissant, corral de la mort, percussion frontale, saignée, décarcassage, mise en barquette. Et tous ces geysers de sang soudain jaillissant, giclant dru, pour s’en aller croupir dans l’angoissant et fétide mystère d’une cuve souterraine. Une noria sanglante, hurlante, dont François, héros des Liens du sang, premier roman d’Errol Henrot, employé d’un abattoir industriel, endure, nauséeux et suffoquant, le remugle épais, les cadences malades et surtout l’atroce et mécanique gestuelle. La place est bonne, pourtant, qu’occupait également son père, son grand-père avant lui. À son taiseux de père, à sa mère morose, François préfère Robert, le porcher-poète qui vit à deux pas, et accouche sa truie plein d’une délicatesse et d’une prévenance exquises, ou Angelica, l’éleveuse pour qui" la chair a de la mémoire "et qui donc ne tue pas ses bêtes. La mort de son père dont la chair morte le hante, la dénonciation de l’absurde massacre d’une vache, l’altercation violente qui s’ensuit avec le directeur accule François à fuir, une fuite qui ne sera pas une prévisible cavale, mais échappée réelle, fusion au cœur somptueux d’un paysage devenu soudain ermitage cosmique. Ainsi va toute chair…
On en parle :
PRESSE
Errol Henrot signe un premier roman, tendu, acéré, militant.Le combat planétaire en faveur des droits des animaux, de leur statut d’êtres capables de sentiments, et non plus de meubles, est en train de devenir l’une des grandes causes d’aujourd’hui. Il suscite à la fois, suite aux conditions scandaleuses dans certains abattoirs, des engagements raisonnés, expliqués dans des livres, mais aussi des actions d’extrémistes, d’ayatollahs de l’écologie. Plutôt qu’un ouvrage théorique ou un pamphlet de plus, Errol Henrot, professeur de lettres près d’Arras et végétarien militant, a choisi le roman, à la fois très proche de la réalité et contrebalancé par le merveilleux.Tout commence dans une forêt du Nord, là où le jeune François, un taiseux asocial, qui se sent agressé par le monde, a l’habitude de se réfugier, quand il n’est pas en train de lire. Né dans une famille modeste, il passe son bac pro, mais se sent incapable, concernant sa vie, de décider quoi que ce soit. Il laisse donc son père Pierrot, avec qui les rapports ne sont pas simples, gouverner pour lui. " Tueur "à l’abattoir voisin, le père, partant à la retraite, pistonne son fils auprès du directeur ami, afin qu’il lui succède. En dépit, la première fois, de son dégoût, et d’un certain malaise, François exerce depuis dix ans sa fonction, qui s’apparente à celle du bourreau. Toute la journée, il égorge des vaches ferrandaises, sans états d’âme, mais sans cruauté. Son seul réconfort, c’est Robert, l’éleveur de cochons, un taiseux lui aussi, mais qui aime ses animaux sincèrement.
François rencontre Angelica, une maraîchère plus âgée et plus expérimentée que lui, qui l’aime " sans passion " mais lui fait rompre tous ses liens familiaux. Et il n’est lié avec personne de l’abattoir. Puis son père meurt, et en voyant son cadavre le fils ne peut s’empêcher de le comparer avec les carcasses des animaux qui font son quotidien. Ce qui nous vaut des pages terribles et hallucinées, parmi les plus fortes du livre. Le dégoût de son métier le reprend. Et tout va basculer lorsqu’il assiste à une scène atroce de cruauté, deux de ses collègues torturant une vache blessée avant de la massacrer. François se met alors à écrire, et prend la tangente, à sa manière.
Servi par une écriture très classique, d’une froideur clinique, Les liens du sang est un roman tout à fait remarquable, qui plonge au plus profond de ses personnages, et invite le lecteur à un examen de conscience sur son rapport au monde, à la nature, aux autres êtres vivants.
Jean-Claude Perrier – Livres Hebdo – vendredi 26 mai au jeudi 1er juin 2017
En écho au terrible roman La Jungle d’Upton Sinclair, paru en 1906 pour dénoncer les conditions des ouvriers des abattoirs de Chicago, Errol Henrot apporte un témoignage actualisé des coulisses de l’industrie de la viande. Si le constat est accablant, le primo-romancier ponctue également son histoire de rencontres avec des éleveurs prévenants et respectueux de leurs bêtes, garants d’un lien privilégié à l’animal.
Leopoldine Leblanc, Livres Hebdo.fr – 02-08-2017
Du plomb dans la bête – Lire – septembre 2017
Dans ce premier roman, Errol Henrot apporte un témoignage saignant sur les coulisses de l’industrie de la viande.
Notre choix de la semaine – Télépro – 07/09/2017
Pour son premier roman, Errol Henrot se situe au confluent de deux lames de fond traversant ces derniers temps la littérature : le" roman de barbaque”, volontiers dénonciateur des méthodes infâmes pratiquées au sein des abattoirs industriels, et la “littérature péri-urbaine ", produite par ceux qui (…) racontent les animaux de la ferme, l’ennui adolescent à distance des centres-villes, les grands espaces oubliés.
François Perrin, Focus Vif, 13 au 19 octobre 2017
" Les Liens du sang ", un livre qui ne se veut pas militant (et pourtant…)
L’écriture d’Errol Henrot est puissante, hyperréaliste… Tout en étant capable de proposer un superbe final onirique.
On jurerait que le Nordiste (…) a travaillé dans un abattoir. Il n’y a pourtant jamais mis un pied. Il n’a même jamais visionné les vidéos des activistes de la cause animale." Je ne pourrais pas regarder ces images…"
Isabelle Ellender, La Voix du Nord, 26 octobre 2017
AUDIOVISUEL
" Dans quel Monde on vit "sur RTBF Dalibor Frioux cite" Les liens du sang "
Curseur 45:30
WEB & LIBRAIRIE
Biophilie romanesque — sur le premier roman humanimaliste d’Errol Henrot" Les Liens du sang"
Le livre d’Errol Henrot est une belle et grande œuvre (…) il signe là une entrée en littérature réussie, parfaitement maîtrisée où l’embellissement de l’écriture va croissant au fur et à mesure que l’on approche du" dénouement ". Ce triptyque remarquable où l’auteur a mis de sa personne, traite fort bien de la problématique existentielle humaine et ses tristes attaches à la domination patriarcale, au pouvoir de la hiérarchie, au pouvoir de l’adulte sur l’enfant, et à celui de l’homme sur l’animal. K&M Les Veganautes – 31 juillet 2017
Premier roman bouleversant, Les Liens du sang laisse présager une plume poétiquement engagée. Une belle surprise pour un sujet pourtant d’une" banale "actualité.
Henrot nous fait cadeau d’un livre-refuge : refuge pour ces sujets qui ne survivent pas à la fureur et à la simplification des discussions publiques, refuge pour ceux qu’une tâche atroce et ingrate accule, refuge pour ceux qui, comme nous, veulent suspendre un instant leur jugement avant de répondre à la question pour ou contre les abattoirs. L’éclaircissement que nous procure le roman d’Henrot est de ceux dont seuls les poètes ont le secret. Au cœur des ténèbres, on comprend que la question des abattoirs n’est pas tant une question animale qu’une question proprement humaine : la question de ce(ux) que nous voulons être, la question de la société que nous voulons construire et transmettre.
Marianne Fougere – Toutelaculture-25 août 2017
François n’a jamais su décider quoi que ce soit de sa vie. Il devient, par défaut, tueur dans un abattoir comme son père. La mécanique des gestes, le détachement d’avec son environnement lui permettent de tenir le coup, non sans malaise. Jusqu’au jour où tout bascule : deux collègues torturent une bête blessée sous ses yeux. François prend conscience de la souffrance de ces bêtes et se réfugie dans l’écriture afin d’échapper à son univers. Très beau style, précis et efficace, la fin de ce roman est une merveille de finesse !
Mathilde Guiraud, Librairie Delamain, Paris 1er
" C’est sombre, empreint de désillusions ou devrait-on dire d’une grande conscience de ce qui nous anime, c’est fort et pertinent, indubitablement courageux, le tout dans une écriture fouillée, belle, panoramique, poétique, cruelle, incisive, sans filtres, sincère dans ses questions comme dans ses constats les plus douloureux, les plus laids."pour Amélie
" Du grand art à l’état brut, une révélation."pour Catherine
" un premier roman déroutant "pour Carole " une écriture à la fois brutale et poétique "pour Pati Vore, " Une littérature engagée qui n’en oublie pas d’être belle "pour Nicole.
Les68premieresfois, 20 décembre 2017