Résumé :
Soit des pirates, des vrais, des goulus, des coriaces ; avec leurs menus tracas et leur quotidien épique. Sabre et jambon, des pirates, quoi ! Affairés à courir la mer, ils y tombent, à bord de son Beagle, sur un jeune monsieur Darwin, anthropologue contestataire doté d’un singe prometteur. My fair le chimp est en effet soumis à un cycle long, cursus au bout duquel il sera humanisé sans espoir de retour. Cap sur la capitale. Londres, entendez le plus grand chapiteau du monde. Londres, son brouillard, son étripeur, ses soirs et ses quinquets. Là, Victoria menace et les pirates finalement s’y ennuient presque, ont le pilon triste, bandeau mou et sabre en berne, baguenaudent, se vantent, se vendent, s’exhibent. Il y a bien quelques épices imprévues : un évêque maniaque, façon Barnum créationniste à col raide en quête du sirop d’éternité, Elephant man et ses drôles d’oreilles, et puis de nouveau le pittoresque jeune monsieur Darwin. C’est de lui que viendra l’espoir : ses théories jettent un singe dans la mare lisse des théories acquises. Chimphumain contre Saint-Esprit. Le combat sera rude. En fin de roman, un quiz futé vous prouve que tout cela a autant de sens que sucrer son thé avec des cils de poulpe ou de la luette de baleine. À lire en avalant la fumée. Visions garanties.
On en parle :
Avant de commencer une aventure nouvelle, le principal souci du pirate est de vérifier qu’il y a assez de jambon à bord. Ce n’est qu’une fois terminée cette check-list que le capitaine pirate passe au second la consigne libératrice : "Epissez le bras de grand vergue!" C’est dire si nous sommes là dans un roman véridique. D’ailleurs, on va croiser l’expédition du naturaliste Charles Darwin et sa cargaison de singes. Du jambon, de la science, de l’action. Que faut-il encore à l’homme, que ce roman ne lui apporterait pas ? Ce bon vieil humour anglais n’a pas encore pris l’eau.
Jean-Louis Ezine, Le Nouvel observateur, 20 avril 2006.