Résumé :
Ecce Leacock ! Bien connu de nos services pour une prouesse majeure : faire rire dans sa loge, aux éclats et de façon inextinguible, Groucho Marx lui-même. Outre cela une fouille approfondie ne révèle rien de suspect (et c’est cela qui est suspect, très suspect !) : canadien anglais, spécialiste d’histoire et d’économie, fort grand lecteur et biographe de Dickens et Twain. Ce maître humoriste (comme il y a des maîtres espions ou des maîtres queux), cet agent infiltré des puissances de l’absurde excelle, comme le montrent les six nouvelles rassemblées là, à susciter pataquès, bourdes logiques, conflagrations burlesques, pastiches ravageurs. Qu’on en juge : une idylle de naufragés parachevée par un sauvetage en yacht, un affaissement sentimental que pallient les nombreux zéros d’un héritage providentiel, une possible fronde de la tribu des Wazoos fait chanceler le trône d’Angleterre, une romance tragique dans l’âpre décor écossais (en fait du Walter Scott avec un faux nez). On clôt le tout à l’aide d’un roman russe revu par Benny Hill et d’une love story troubadour.
Et si la méthode vous manque, sachez que Leacock a conçu un discours de la méthode euphorique : Humour, sa théorie et sa technique (1935). Beau comme du Bergson, le pur malt en plus.
On en parle :
Cet humour-là, raffiné, est un petit lait amer que l’on déguste à la goutte. Il ne supporte pas les paluches trop lourdes et caille sous les traites grossières. (…) Sous le titre L’Ile de la tentation, Le Dilettante propose six exercices d’échauffement des zygomatiques. Six nouvelles décrivant avec obligeance et distinction des " naufrages amoureux ".
Pascal Paillardet, Le Matricule des anges, n°49.