Résumé :
D’apprendre, comme nous le permet son préfacier Ghislain Pierre, que sous Alain Berthier se cache Alain Lemière (1901-1984), ami de Louis Guilloux, cofondateur du fugace vorticisme à la française et administrateur de la revue Bifur, cheville ouvrière des dictionnaires Quillet et auteur pour Hazan d’une tétralogie japonaise, à la fois nous renseigne et nous déroute. Car, avec Notre lâcheté, son unique roman paru Au sans pareil en 1930, il nous livre une de ces rares effractions littéraires où semble s’être déposée toute la lie de la vie, un élixir d’amertume hargneuse, un concentré de désespoir griffu qui font de ce livre un espace à risque. Monologue hanté d’un affligé de l’existence qui semble, muré dans sa réclusion intérieure, s’enliser en soi à chaque seconde un peu plus, soliloque d’un drogué de la souffrance qui va d’une fille l’autre, éperdu de déshérence sentimentale et de sordide sexuel, Notre lâcheté et son anti-héros finissent par toucher terre. Le port où il ancre se nomme Paule, une bourgeoise racoleuse, opulente et décatie avec laquelle il entame une danse de mort et d’humiliation où les coups portent moins que les insultes. Une ronde fatale, décrite d’un parler rêche et sans apprêt, à cru, n’offrant ni jour, ni échappée. Seul horizon à cet asservissement, la veulerie à laquelle, par intérêt, finit de s’abandonner le narrateur. Une pépite oubliée déterrée par Le Dilettante, fidèle à sa vocation d’orpailleur.
On en parle :
AUDIOVISUEL
Chronique de Lucile Poulain, dans Matin Première « L’Incontournable », sur RTBF La 1ère, le 24 février 2020
« C’est très actuel, il nous rappelle qu’avant la violence physique, il y a la violence de l’âme. Alain Berthier n’a rien écrit d’autre que ce petit livre « frappeur » mais il arrive à y condenser toute la misère de la condition humaine, la lâcheté qui l’éconduit tout au long de son existence sans jamais tenter de se justifier ou de se faire pardonner même. L’avilissement, dans lequel le narrateur sombre, la méchanceté qui fait place à la cruauté, puis à la haine, au mépris, à la souillure, à la déchéance humaine, qui ne laisse finalement d’autre issue que les plaisir de la chair avec cette même femme qu’il hait, qui le hait tout autant et qu’il finit par battre, cela appelle plus la pitié que l’attachement mais est-ce que cette pitié qu’on peut éprouver n’est-elle pas aussi malsaine que l’état de dépravation de l’auteur ? C’est un diamant, dans le sens où il est brut, il est acéré, c’est aveuglant. C’est un livre qui nous laisse un peu KO par sa noirceur, qui absorbe tout ce qu’on a de lumineux en nous, et qui nous laisse mieux apprécier notre propre lumière en refermant l’ouvrage. »
PRESSE
Le fou follet
L’unique roman d’un désespéré muré dans sa réclusion intérieure.
Alain Berthier est né en 1901, mort en 1984. De son vrai nom Alain Lemière. Il fut l’ami de Louis Guilloux, de Jean Grenier. Il géra une revue, Bifur, où collaboraient Cendrars, Malraux, Joyce, Tzara. Autant dire que la littérature et les littéraires, il connaissait. Des sujets nobles ? Pour lui, rien que la vie et ses exigences. Écrire pour les autres ? Foutaises. Rien que pour les mains. La joie de modeler. Berthier était un artisan. Ayant appris qu’il lui faudrait mourir un jour, il ne pouvait plus dormir la nuit. Vous voyez un peu le lascar. Cioran, en comparaison, c’est Zavatta. « Tout est bagne à qui porte le bagne en soi », écrivait-il. Alain Berthier n’a écrit qu’un roman. Publié en 1930. L’histoire d’un résigné, d’un désespéré, d’un camé de la souffrance, d’un suicidaire qui ne se suicide pas, d’un homme à femmes qui n’est pas un homme à flammes. Un homme qui a le dégoût de tout. Qui se maque avec un boudin décati. Lisez Alain Berthier. Son style sec, sans concession. Vous apprendrez, comme il est dit au quatrième du livre, que la violence et la sensualité nous font prendre conscience du néant de la vie, de la distance décourageante qui sépare nos rêves de nos reptations quotidiennes.
François Cérésa, Service Littéraire, Février 2020
L’enfer et Cie
Le vice est traité ici dans une prose vertueuse, la saleté exposée avec une grammaire soignée et la haine bordée par d’impeccables subjonctifs passés. Notre lâcheté, c’est de l’or noir, trouvé par le Dilettante, cet orpailleur. (…) On voudrait citer des phrases, mais c’est impossible, tellement c’est ignoble. Et d’autant plus que jamais Alain Berthier ne fléchit : il va, inflexible et rigoureux, jusqu’au bout de son entreprise de démolition. Le propos est insoutenable et l’objet littéraire, irréfutable.
Jérôme Garcin, L’Obs, 6 au 12 février 2020
Histoire Littéraire : Confession de la brute
Témoignage d’un homme torturé par sa sensualité et sa faiblesse de caractère.
En littérature, Alain Berthier est donc bien l’homme d’un seul livre. La lecture de Notre lâcheté explique cette rareté car le texte frappe par sa densité, par sa noirceur torturée et par son style jeté. (…) Élaborant chacune de ses phrases comme une sentence, Alain Berthier donna à son récit la netteté d’une opération clinique, procurant à son enlisement des effets plus douloureux encore.
Éric Dussert, Le Matricule des Anges, Février 2020
Son récit est celui de la descente aux enfers d’un couple aux secrets inavouables, qui ne s’aime pas et dont la fin signifie la mort de l’autre. On est frappé par la franchise du ton, la noirceur du trait, la véracité de cette âme aux abois.
Frédérique Roussel, Libération, 7 & 8 mars 2020
Dans un unique roman de 1930, Notre lâcheté, cet auteur inconnu se montre à la hauteur du Camus de l’Étranger et du Drieu du Feu follet.
En moins de 130 pages intenses, étouffantes et désespérées, Alain Berthier nous restitue le monologue intérieur d’un homme sans qualité qui dérive lentement mais sûrement vers une haine de soi radicale. (…) Il y a dans Notre lâcheté une précision de l’analyse psychologique qui confine à la cruauté, d’autant plus qu’elle est faite par le narrateur sur lui-même dans une lucidité éprouvante. Rien en lui ne trouve grâce à ses yeux. Il se sait inapte à l’amour même s’il en apprécie les aspects les plus sordides.
Jérôme Leroy, Valeurs Actuelles, 12 au 18 mars 2020
Confession d’un enfant triste
Vous ne connaissez pas encore la prose tendue et abrasive d’Alain Berthier. Un presque inconnu qui ne devrait plus l’être encore longtemps, pour gagner enfin la postérité qu’il mérite amplement (…) il est l’auteur d’un livre unique et pas des moindres, un implacable diamant noir de cent trente pages serrées (…) Alain Berthier cogne dur, sans laisser aucun répit, en maintenant ses lecteurs aux côtés d’un être condamné à vivre en tête-à-tête avec lui-même. Notre lâcheté est un de ces volumes qui vous malmènent, qui vous heurtent et vous marquent durablement.
Alexandre Fillon, Figaro Littéraire, mars 2020
La malédiction éternelle, celle de vivre condamné à être soi-même
Pourquoi [Alain Berthier] a-t-il écrit un seul livre, paru en 1930 ? Et pourquoi celui-là ? Il n’y a pour réponse que cette centaine de pages dans lesquelles on peut savourer deux talents certains : ceux du portrait psychologique et de la formule. […] La réapparition de ce livre, sept décennies plus tard, nous apprend une chose : qu’un certain Berthier est de ceux qui ont osé formuler la malédiction éternelle, celle de vivre condamné à être soi-même.
Youness Bousenna, Télérama, 25 avril – 1er mai
Noir c’est noir…
Une incommensurable bassesse, « le dégoût de tout », s’abattent sur nous avec des mots d’une lucidité incroyable : « Nous sommes tous des noyés qui nous accrochons à la première épave venue. » (…) Livre étonnant, perturbant que ce seul livre d’Alain Berthier paru en 1930, préfacé par Ghislain Pierre qui nous éclaire sur la personnalité de son auteur.
Jean-Louis Panne, L’Ours, Mai 2020
L’obscène franchise d’Alain Berthier
Pourquoi sommes-nous captivés par cette vie pitoyable, dépourvue de sens ? Le ton, sans doute, absolument cru. Devant cette glace sans tain, nous assistons à l’échec universel de ces vies sans amour. On songe parfois aux personnages d’Emmanuel Bove ou de Georges Simenon, lointains cousins dans la nudité et l’abjection.
Frédéric Chef, Livr’arbitres, Juin 2020
PRESSE RÉGIONALE ET ÉTRANGÈRE
N’ayez pas peur de le lire. Son style et sa singularité le placent au rang des chefs-d’œuvre.
Anne-Marie Mitchell, La Marseillaise, 29 juin 2020
Court, presque en huis clos, le texte recèle son lot de formules saisissantes, à cause desquelles on corne les pages : « Rien n’est pire qu’un faible devenant le plus fort après avoir vécu en prison dans l’humilité, la timidité et la peur» ; sur le silence entre les amants : « le silence sournois de deux ennemis à l’affût l’un de l’autre. Un silence abominable. Un silence à rendre fou». En 1930, Paulhan écrit à Arland : « Lis Notre lâcheté.» Cette suggestion vaut toujours.
Bernard Quiriny, L’Opinion, 12 février 2020
La confession sinistre d’un raté, en couple avec une femme qu’il aime et déteste à la fois, saluée à l’époque par la critique. Un récit bref, d’une noirceur totale, plein d’aphorismes amers.
Bernard Quiriny, Trois couleurs, Février-Mars 2020
Avec Notre lâcheté, son unique roman paru aux éditions Au sans pareil en 1930, il nous livre un monologue hanté d’un affligé de l’existence qui semble, muré dans sa réclusion intérieure, s’enliser en soi à chaque seconde un peu plus, soliloque d’un drogué de la souffrance qui va d’une fille à l’autre, éperdu d’errance sentimentale et de sordide sexuel.
Bretons, Février 2020
La lâcheté, solution au sordide de la vie
Le récit, au total, s’il est bien écrit, profond sur le plan psychologique, est oppressant : on s’y sent enfermé, on a l’impression de ne pouvoir s’en échapper, et de sombrer avec le narrateur, anti-héros par excellence, condamné au malheur et au sordide. Embarrassant.
Robert Colonna d’Istria, Corse Matin, 14 février 2020
Le roman du dégoût
Alain Berthier, de son vrai nom Alain Lemière (1901-1984), ose avec cet unique roman le grand décolleté sur le dégoût de soi, les transparences sur la décomposition des sentiments. (…) Du style impeccable dénué de la moindre arabesque, Berthier tranche à vif la liaison toxique de la disgrâce et de l’humiliation, piliers de la lâcheté à laquelle il s’abandonne.
Ce bijou de cynisme interroge sur l’homme capable d’un tel désespoir à 30 ans lorsqu’il l’écrivit.
Frédérique Bréhaut, Le Maine Libre, 21 février 2020
Les abominables compromissions
Ce roman (…) signifie la fin des ambitions d’un jeune homme sondant la part renonçante de son être (…) A lire d’une traite, le souffle coupé.
Fabrice Delmeire, Focus Vif, 19 mars 2020
LIBRAIRIES
Ce livre d’Alain Berthier, paru en 1930 et unique à tout point de vue, est le seul que son auteur publia et le contient entièrement : il est autant le portrait d’un homme anxieux, qui « manque d’âme » et doit « compter avec ses nerfs », qu’un récit sur la méchanceté sourde qui sommeille en chacun et jaillit lorsque l’amour tourne à la condamnation. « Tout est bagne à qui porte le bagne en soi ». Mais c’est véritablement l’extra-lucidité de cette voix, toute de pitié, de fureur et de résignation, qui libère et crie sa vérité dans un murmure à recevoir d’une traite – comme on écoute un aveu sans le juger. Car jamais on aura fait l’expérience d’un texte aussi sincère et profond sur la terreur de ne pouvoir échapper à soi-même.
Librairie Le Silence de la Mer, Vannes (Morbihan)
Voici un texte éprouvant pour lequel Alain Berthier, illustre anonyme du XXème siècle, a dû longtemps aiguiser sa plume. Chaque phrase est parfaitement ciselée, le duo diabolique qu’il invente semble vécu et son texte ne ressemble, en fin de compte, à aucun autre.
Librairie l’Utopie, Paris 11ème
Amateurs de livres cultes et inconnus, vous voilà servis! Seul et unique roman de l’auteur, Notre lâcheté condense toute la littérature dédiée au malheur existentiel de Goethe à Cioran. Roman du renoncement, de la chute et du rejet de tout. On y découvre un personnage qui se raconte par son échec, son ennui et dont les relations charnelles ne savent s’exprimer que dans la violence et le dégoût. Sans espoir et radical, écrit dans un style sec et intense, cette perle noire revoit le jour pour la première fois depuis 1930.
Florian, Librairie Furet du Nord, Lille (Haut de France)
La confession d’un narrateur sur sa propre lâcheté, celle qui englobe et qui se multiplie. Un texte d’une rare violence et d’une grande beauté !
Martin, Librairie Albin Michel, Paris 7e
WEB
Alain Berthier dissèque la mécanique de l’humiliation
… il écrit remarquablement avec une grande précision, choisissant ses mots avec attention. Ses descriptions, ses commentaires, ses analyses sont toujours très précises et très claires, c’est un bonheur de redécouvrir un texte écrit avec une telle application et retrouver des mots oubliés, de déguster des formules succulentes, de véritables aphorismes. Comme celle-ci que j’aime beaucoup : « Elle sait bien qu’à son âge chaque jour ne doit plus être employé qu’à assurer ses nuits ». Cette petite phrase contient à elle seule la quasi-totalité d’un roman. (…) Une description chirurgicale de la mécanique de l’humiliation conduisant à la bassesse et à l’avilissement, au renoncement à sa propre dignité.
Denis Billamboz, Benzine Magazine, 3 mars 2020
Notre Lâcheté, roman à la puissance de rouleau compresseur
On assiste à l’autodestruction d’un être qui n’arrive pas à vivre. Une longue déchéance, de corps et de valeurs, se déploie devant le lecteur, emporté dans un grand mouvement vers les abîmes. Cette dynamique infernale s’amplifie par le ton direct de l’écriture d’Alain Berthier. A aucun moment, le lecteur ne s’éloigne du personnage. Seul roman de cet auteur, ce texte écrit en 1930 ne souffre pas du siècle passé en raison d’un propos, sans aucune demi-mesure. La puissance du rouleau compresseur de ce roman est à la hauteur du mot retenu pour titre.
Julien Leclerc, Le Tourneur de pages, 24 avril 2020