Résumé :
André Blanchard, l’oeil ému, la narine fureteuse, mains aux poches et clope au bec, part en pèlerinage sur les lieux d’une apparition : la sienne. Datée, pérenne, indéniable. Toutes les sources auxquelles abreuver sa mémoire étant bonnes, il pousse des portes, celles délicatement grinçantes d’une église de campagne où tonnent encore les mises en garde dominicales, passe des porches, celui d’un collège religieux où un défunt "peuple noir" le scolarisa il y a belle lurette, fait des ruelles de Besançon son labyrinthe intime, très intime, revisite certaine cafétéria de campus, des vignobles ; on le voit tendre l’oreille aux dires crépitants d’une aubergiste de campagne, jeunette de quatre-vingts ans qui lui éructe clair et haut : "Moi de toute façon j’suis d’un monde fichu, qu’a pour ainsi dire disparu", collecter le grain de voix d’un bonimenteur, laisser dialoguer les souvenirs. Il monte même à Paris, ce "Reims de l’art" où sont sacrés les rois boycottés dans leur pays, revenant sur les lieux de son premier fait d’armes littéraire : Le Dilettante. Il fait le Père-Lachaise, fleurit d’un regard la tombe de Desproges, longe Notre-Dame, passe l’Odéon. L’avant-dernière station, bouleversante, se fait ailleurs, au Saint Tombeau : face à la dalle sobre de Louis Calaferte, son "sauveur" en la vie d’écriture, l’ultime à la chapelle de Ronchamp, "aérienne et écrasante". Cette déambulation sinueuse dans les replis d’une histoire intime, hauts lieux d’une mémoire sienne se fait sans hausser la voix, sans désir de vous tirer infantilement par la manche, (ce que Bernard Frank appréciait déjà chez Blanchard), avec une intensité retenue qui donne force et élan. S’il n’y a hélas "plus de trous perdus", restent des livres comme celui-ci, pour se rameuter, soi et sa mémoire. Dont acte.
On en parle :
Il y a chez l’auteur comme chez tout bon écrivain plus qu’un style, une langue. Encre et tanins, août 2009
Un nouveau texte d’André Blanchard, le reclus de Vesoul, est toujours déconcertant. André Rollin, Le Canard enchaîné, 5 août 2009
Impossible de résister aux griffes de ce tempétueux animal, styliste comme on n’en fait plus, gouailleur de première et goguenard en pagaille.
Marc Villemain, Le magazine des livres, juin 2009
Voyez comme Blanchard a le sens de la formule et le goût du rythme. Ce dernier opus est un véritable plaisir littéraire, où si l’on trouve l’auteur quelque peu bougon et réac’, on ne peut s’empêcher de souligner chaque phrase au crayon en jurant Bon dieu que c’est beau !
Anne-Sophie Demonchy, La Lettrine, 11 juin 2009
Drôle de zig, cet André Blanchard. De la Bouloie à la Bourgogne en filant vers la Chapelle de Ronchamp, Blanchard emballe avec ses histoires de pèlerin des belles lettres pas vraiment catholique. Indispensable.
Laurent Gentilhomme, L’Alsace, 29 mai 2009
Blanchard est, malgré ses coups de griffe, un homme des brumes dormantes, et des soleils voilés. Diable, vers quoi allons-nous ? Tout simplement vers la littérature. La grande. Celle de l’aveu abrupt, des mots de sang.
Gérard Guégan, Sud ouest, 10 mai 2009
Même s’ils mènent jusqu’à la chapelle de Ronchamp, les pèlerinages d’André Blanchard sont laïcs. Chacun de ses carnets, adressés de Vesoul, est attendu impatiemment. Celui-ci ne déçoit pas davantage que les précédents, piqué d’observation, semé d’aphorismes.
Michel Vagner, Est magazine, 19 avril 2009
L’écriture, précise et vive, fait fleurir les figures de style en toute discrétion. Et la musique qui s’en échappe ne ressemble à aucune autre. Elle s’élève pour célébrer une grande messe laïque, dans une langue qu’on ne parle déjà plus, en hommage à toutes ces choses mortes.
Charlotte Devai, evene.fr, 5 mai 2009
Dès ses débuts, Blanchard fait mijoter la langue française sur son petit réchaud, ce qui nous vaut des phrases exquises, de délicieux paragraphes, des pages sublimes.
Alfred Eibel, Valeurs Actuelles, 30 avril-6 mai 2009
Par quelle sorte de miracle à rebours André Blanchard n’est-il pas fêté comme l’immense écrivain qu’il est à chaque nouvelle publication ? Énième démonstration fracassante de son talent et son style merveilleux, Pèlerinages voit l’auteur partir à la recherche des lieux de sa vie. D’un bout à l’autre, c’est un éternel ravissement.
Nicolas Ungemuth, Le Figaro magazine, 25 avril 2009
La tire à Blanchard
André Blanchard est un promeneur singulier. Il avance en arrière. Le passé est son avenir. "Ne plus jamais voir c’qu’est moche, est-ce que ça l’emporte sur ne plus jamais voir c’qu’est beau? "Cette merveille de livre y répond.
Jérôme Garcin, Le Nouvel observateur, 23-29 avril 2009