Résumé :
Mais si, faites un effort, Bost ! Aurenchébost ! Les scénaristes de Douce, La Traversée de Paris, L’Auberge rouge, les Castor et Pollux de la qualité française, lapidés de bouses sèches par la Nouvelle Vague et restaurés par Tavernier ( voir la postface ) dans L’Horloger de Saint Paul. C’est de ce Bost-là qu’il s’agit ; pas son frère, Jacques Laurent, dit "le petit Bost" . Ce que nous réapprend François Ouellet dans la préface de Porte-Malheur, c’est que avant de s’occuper d’Amélie ou d’avoir le diable au corps, il fut dramaturge et romancier. Élève d’Alain, ami du romancier Emmanuel Robin, il entre en lettres à vingt et un ans sous l’invocation de Proust et publie, dans l’entre-deux-guerres, outre de nombreux chroniques littéraires et reportages, six romans et trois recueils de nouvelles. Il y plaide pour une littérature débarbouillée des juvéniles angoisses du moi et déprise des avant-gardismes chichiteux – maturité, ouverture sur l’autre – et le monde des réalités objectives – langue sèche et probe -. Classique disons le mot. Publié en 1932 chez Gallimard, Porte-Malheur va selon : roman sec, social noir. L’histoire de Dupré, garagiste, qui travaille dur, monte sa boîte, fait confiance pour finir sous le cric de son numéro 2 Denis Levioux, piégé par la fille Lucie. Arrêté, ce dernier voit cependant Dupré passer l’éponge. Empêtré dans sa mansuétude, Dupré participe à l’acquittement de son second qu’il réengage illico. À mi-course du roman, c’est Levioux qui devient le héros, et cela pour une fin d’un noir de poix. James McCain à la française, Bost nous livre avec Porte-Malheur une version Paris popu, casquette en grande roue, du Facteur sonne toujours deux fois : bâtie sans faille, l’histoire file en ligne droite, sombre et cassante, comme une balle dans le canon." Salauds de pauvres ! "dirait certain.
On en parle :
Le Dilettante a réédité Porte-Malheur, récit très "années trente", où le héros , un garagiste, a pour moi le visage de Gabin. Je l’ai lu en une seule fois, si enthousiaste que j’ai eu envie d’en lire plus, de ce Pierre Bost. (…) Je recommande chaudement de partir à la découverte de l’écriture de Bost, qui plonge très habilement sa plume dans l’âme humaine et sait être sensible à ses instants de crise.
Denis Gombert, publié le 19 juin 2011 par les Ensablés
Sous les traits d’une fable d’amour-haine amère, Porte-Malheur inspecte avec une précision addictive la complexité des moeurs et des émois. De sa plume économe, autour de mots exactement choisis, Pierre Bost détaille, démonte et décrypte des schémas psychologiques complexes : la relation au père, la naissance du désir de vengeance, le poids de la culpabilité.
Salomé Kiné, arte.tv, 27 avril 2009
Creuser la psychologie des hommes, explorer leurs sentiments les plus reculés, comprendre leurs mobiles, c’est avec ces exigences que Bost, coiffé d’une lampe de spéléologue, élève un fait divers d’apparence insondable au rang de pur instant romanesque.
Olivier Cariguel, La Revue des Deux Mondes, avril 2009
Anatomie de la poisse
Sans jamais s’attarder, sans jamais appuyer sur les effets, Pierre Bost nous raconte le destin d’un homme rivé à sa malchance. Cette scoumoune, il l’entretient, il a cajole ; elle est la compagne la plus fidèle de sa solitude. Sur la fabrication personnelle de la malchance, Porte-Malheur est un petit bijou de concision.
Laurent lemire, l’@mateur d’idées, 20 mars 2009
Ce récit noir, d’une poignante sobriété, se lit d’une traite.
Frédéric Saenen, sitarmag, 11 mars 2009
C’est bien écrit, bien construit, sobre, d’excellente qualité, un pur régal.
Robert Colonna d’Istria, Corsica, mars 2009
On pourrait lire ainsi le court, simple et fort roman de Pierre Bost, Porte-Malheur, qui fait tant penser au Jean Prévost des années 30 : il est des destins auxquels on n’échappe pas. À moins de le décider.
Éric Dussert, Le Matricule des anges, mars 2009
Le roman de Pierre Bost va plus loin que l’évocation des milieux populaires. Tout compte fait, on peut trouver que Pierre Bost eut bien tort de considérer qu’il n’avait plus d’avenir dans la littérature.
François Eychart, L’Humanité, 7 mars 2009
Porte-Malheur est un de ces livres universalistes qui, sous l’apparence du roman noir, dresse le portrait lucide, impitoyable d’une société.
Arnaud de Montjoye, Témoignage chrétien, 26 février 2009
C’est tout doucement et simplement beau, d’une belle écriture sans fioritures.
Pierre Le Masson, La Voix du Nord, 27 février 2009
Rien de tapageur dans ce Porte-Malheur de Pierre Bost, ni d’énorme, quelques dizaines de pages seulement, mais une parfaite maîtrise du sujet, de l’écriture.
Daniel Martin, La Montagne, 22 février 2009
Voici donc un superbe roman noir, écrit par un protestant ascète et sévère, démiurge d’un nouveau climat littéraire : "Il ne s’agit pas de refuser aux sentiments naïfs et violents le droit ni le moyen de s’exprimer ; il faut au contraire leur apprendre la manière qui leur permette de se montrer dans leur vérité. "
Michel Boissard, La Gazette de Nîmes, 19-25 février 2009
Un récit dépouillé. Une intrigue linéaire. Un style d’une parfaite sobriété, dépourvu de clinquant, des personnages campés avec justesse. Le regard austère d’un moraliste et la peinture d’un milieu populaire où il faut trimer pour se faire une place, sans que cela paraisse le moins du monde scandaleux. Autres temps, autres moeurs.
Rivarol, 13 février 2009
Sans jamais prendre de gants, Bost écrit de manière implacable, de cette même implacabilité qui fait d’un honnête homme un assassin. Le lecteur assiste sans ciller au dérèglement d’une histoire qu’il croyait pourtant bien commencée, portée par la fluidité d’une plume qui trouve systématiquement le mot juste.
Obiwi, 9 février 2009
On y sent vivre à travers le "parler-peuple "quelque chose d’étouffant, la conscience du travail et l’inconscience de soi, une incapacité à faire son salut par défaut de liberté. Les phrases de Bost placent et ajustent ces cœurs à l’étroit : le bonheur d’expression est réduit à sa plus efficace et plus sombre sècheresse.
Philippe Lançon, Libération, 5 février 2009
C’est une histoire de garagiste, de garce, de crime, de pardon, un livre noir, sec et ascétique, comme son auteur.
Raphaël Sorin, Lettres ouvertes, 26 janvier 2009
"L’histoire est simple, presque dépouillée : parcimonie de personnages, cadre centré sur les quartiers populaires du nord-est de la capitale. Pourtant le récit est captivant. Bost excelle à raconter l’évolution des relations entre les deux hommes. Il évite les longues introspections. Il ne cède pas au pathos. Il procède par petites touches rythmées et précises. Il privilégie la simplicité voire la banalité."
Les Ensablés – Chroniques du lac –" Porte-Malheur "de Pierre Bost, 25 novembre 2018