Résumé :
Jackie Berroyer, standardiste et scénariste, acteur vraiment trop rare et écrivain intempestif, assume la figure de l’humaniste sans tabou, de l’homme qui dit tout et le reste à tous et aux autres, un être gonflé au Diogène, ce gaz rare, tour à tour hilarant et désolant. Son ultime opus, le gondolant et bluesy Presque mort à Venise, mêle une évocation (enfin) déceptive de Venise (tout et plus a déjà été dit), où il finit par se rendre et s’ennuyer, à une randonnée planétaire entre l’île de Ré et Budapest, en passant par l’Arc de triomphe, le Japon, New York, Bangui, le Sénégal et autres terres de mission. Car il y a du missionnaire chez cet homme doux comme un séisme de magnitude -1, appliqué à avoir toujours sous la main une flûte à décontracter, une mandoline à humoriser.
Quoi qu’il arrive, une visite des égouts de Paris ou une tentative d’habiller le dessinateur Vuillemin en Loubavitch, un concert du jazzman Phil Woods ou une confession intime de Jean-François Stévenin, Jackie enclenche son Berroyophone dont les ondes tiédissent l’atmosphère et décompressent l’ambiance. Le monde flue, Dieu s’en roule une.
Une réussite qu’il tient de sa complexion intérieure ainsi définie : La nature a choisi mon genre, il sera du type à la va-comme-je-te-pousse, velléitaire, d’une infatigable paresse, radicalement mou et bouchon au fil de l’eau. Il vivra dans le frivole que ça plaise ou non. Il ne sera utile en rien. Il faut faire ce qu’on peut avec ce qu’on est. Le moyen-du-bordisme est-il un humanisme ? Oui, et jovial avec ça.