Retour à Duvert

Découvertes

ISBN: 9782842638337

Genre: Biographie

Date de parution: 14/10/2015

Nombre de pages: 288

Couverture : Gilles Sebhan

Prix: 21€

Exemplaire du tirage de tête: 84€

Retour à Duvert

Découvertes

Retour à Duvert éclaire le destin hors du commun d’un écrivain. À travers lui, c’est l’histoire d’une époque et de ses intellectuels qui se donne à lire, ainsi qu’une traversée des relations complexes qu’y entretiennent le désir et la loi. Pour redécouvrir l’écrivain et l’auteur subversif dont les essais pédophiles lui vaudront de rejoindre l’enfer des bibliothèques.

 

Résumé :

Tony Duvert, le dernier maudit peut-être confie sobrement, à un détour de son livre, Gilles Sebhan. Sebhan qui compose là, plein de rigueur patiente et de ferveur retenue, un magnifique tombeau pour l’auteur de Paysage de fantaisie et de Quand mourut Jonathan. Ni hommage larmoyant, ni déploration hagiographique, mais tentative, pièces en main, photos à l’appui et fort de témoignages sincères (ceux du journaliste Jean-Pierre Tison et du philosophe René Schérer notamment), de dire l’ardent mystère et l’ascèse fatale d’un homme porteur au front d’un signe caïnique, celui des amours pédophiles et d’un attrait exalté pour l’enfance. Une marque infâme le vouant à la solitude, l’exil, l’oubli et à une mort de reclus en 2008, corps confiné et oublié. Remettant ses pas dans ceux de Duvert, Gilles Sebhan suit avec intense gravité, de l’adolescence brillante à l’ermitage coupable, la courbe d’une vie tragique : jeunesse toute en vitalité, émergence d’une sexualité que seule la fréquentation du Maghreb permet d’accomplir, amours secrètes, militantisme frondeur et castagneur, succès de plume, puis repli, solitude, trépas sordide, cendres. Complété de textes rares et de photos privées, Retour à Duvert est une tentative d’accompagner, par-delà la mort, le destin terriblement tenu et voulu d’un écrivain pour qui ce qui était en jeu (…) c’était la redéfinition de l’enfance, sans quoi l’homme n’a pas de sens.

On en parle :

Retour à Duvert de Gilles SEBHAN a été sur la liste des Prix RENAUDOT, DÉCEMBRE et MÉDICIS.

Y a-t-il encore des écrivains maudits ?
Cet automne, justement, sous le titre Retour à Duvert, Gilles Sebhan publiait un texte splendide. Il vaut exemple. (…) L’auteur sulfureux de Portrait de l’homme-couteau ou de Journal d’un Innocent, quoique Prix Médicis en 1973 pour Paysage de fantaisie, serait très vraisemblablement aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires pour pédophilie, incitation à la débauche, etc. Et comme tel, parfaitement impubliable.
C’est à ce maudit de la littérature que Gilles Sebhan rend donc à présent hommage, sous la forme d’un repentir. (…) Il faudra bien admettre que ce retour éclaire d’une lumière crue la figure pathétique de Duvert, ce grand maudit de la littérature, qu’on ne lit plus guère –et pour cause. Mais tout aussi bien, par extension, le paysage intellectuel de ces temps d’émancipation radicale et de déplacement du discours sur la sexualité. Quel éditeur, aujourd’hui, accepterait de publier ces lignes : Ce même été, Jonathan esquissa plusieurs viols (…) Il saluait les petits (…). La première victime faisait pipi. (…) Ce petit avait huit ans. Il ouvrit attentivement sa culotte, où son bout était raide (…) Et comme Jonathan lui demandait, avec un peu d’hypocrisie, si ça ne l’ennuyait pas, l’enfant répondit en riant: “non pasque j’aime ça” ?(…) Sebhan n’édulcore rien de ce qui chez Duvert ferait scandale, s’il vivait. Rien du caractère éminemment corrosif de l’écrivain. Rien de sa haine des familles, ni de celle qu’il porte aux mères en général – et à la sienne propre en particulier, dans la maison de qui pourtant, la quarantaine révolue, l’écrivain cardiaque, impécunieux et esseulé retournera, livré à une promiscuité délétère auprès de sa génitrice abhorrée, que frappe au surplus une repoussante sénilité. Mais rien n’est irréparable, et l’enfer n’a qu’un temps. D’ailleurs, les deux merveilleux contes édifiants autant que prémonitoires (Le Garçon à la tête dure, paru dans la revue Minuit en 1978 et Sam le héros, publié dans Libération –sandwich n°4– en 1979) par quoi Sebhan choisit de conclure son volume, devraient remettre le lecteur sur la route d’un auteur aussi rare. Tony Duvert, écrivain maudit ? Chaque époque crée les siens avec ses critères propres.
Rémi Guinard, Slate, 29 mai 2016

Duvert de gris Une évocation de Tony Duvert, figure sulfureuse des années 1970 qui sombra dans une solitude sinistre.
Deux ans après la disparition de Tony Duvert, dont le corps avait été découvert, plusieurs semaines après sa mort, à la fin de l’été 2008, dans sa maison de Thoré-la-Rochette, Gilles Sebhan publiait L’Enfant silencieux, un beau livre qui n’était ni une biographie ni une étude, mais une sorte de"tombeau", ce genre antique relancé par les littérateurs fin de siècle – un mélange de portrait, d’hommage, d’essai, bref, une méditation sur ce maudit dont on ne mesure plus toujours bien l’importance qu’il a eue dans les années 1970, quand le monde littéraire le regardait comme le plus prometteur des nouveaux talents. ("La rumeur rive gauche est formelle, écrivait Poirot-Delpech en 1973 : le jeune auteur qui monte, qu’on ne va pas tarder à citer et à imiter, c’est Tony Duvert"; la même année, Paysage de fantaisie recevait le prix Médicis.) La parution de L’Enfant silencieux a permis à son auteur, de manière inattendue, de recueillir de nouveaux témoignages et documents, d’ouvrir des portes jusqu’alors fermées, de réveiller des souvenirs enfouis, et de convaincre des proches de Tony Duvert, jusqu’alors réticents, d’évoquer leur relation avec lui, tel le philosophe René Schérer, icône de la période. De ces rencontres et conversations, Gilles Sebhan a tiré ce deuxième livre, simplement intitulé Retour à Duvert ; un texte aussi inclassable que le précédent, et pas moins beau. Tel un enquêteur, ou un archiviste, l’auteur reconstitue par fragments les étapes de la vie de son héros, comme on arrange les pièces d’un puzzle : l’adolescence, le lycée, les débuts en littérature, les voyages au Maghreb, l’ère des polémiques, la période Gai Pied, le militantisme homosexuel, l’apologie de la pédophilie, etc. Jusqu’à la déconfiture et aux années noires, quand Duvert, à court d’argent et de projets, est contraint, à plus de 40 ans, de retourner vivre chez sa mère. Abondamment documentée par des lettres citées in extenso, la partie du livre consacrée à cette période a quelque chose d’une comédie pathétique, sinistre et douloureuse. Duvert et sa mère, reclus dans leur maisonnette, vivent dans des conditions pitoyables. Elle, âgée, passe ses journées devant la télévision. Lui l’observe avec un mélange de haine et de pitié, dans une ambiance insane et délétère. Ses lettres à son frère sont affreuses."Tout, à son étage, sent incroyablement mauvais. Elle n’aère pas et ne se lave jamais. Sa machine à laver est foutue depuis des années. Elle trempe du linge et l’oublie."Plus loin :"Quant à la torturer pour qu’elle parle, peine perdue : elle parle. Et dit rigoureusement n’importe quoi. C’est vite son tortionnaire qui la suppliera de se taire, tant elle le rendra fou."Le huis clos mère-fils confine au sadisme, puis au délire, sur fond de campagne bucolique et de retrait du monde."Solitude heureuse dans la nature et meurtre de la mère semblent entretenir des rapports fort complexes", commente Gilles Sebhan. Les passages sur cette période de la vie de Tony Duvert sont les plus saillants du livre, d’autant qu’ils sont accompagnés de la série de photos de la maison qu’a prises Duvert après la mort de sa mère, comme des constats d’huissier. Au-delà de cette analyse psychologique d’un homme à la dérive, on peut aussi voir dans Retour à Duvert le tableau d’une époque : ces années 1970 aux moeurs exotiques, si choquantes pour un oeil actuel, avec la pédophilie revendiquée et les théories révolutionnaires sur l’éveil sexuel des enfants. On a presque l’impression, en redécouvrant cette ère sous la plume de Gilles Sebhan, qu’il parle d’un autre continent, d’une autre planète. Cet arrière-plan rajoute à l’étrangeté du personnage de Duvert, non plus comme écrivain cette fois, mais comme figure et totem d’une époque disparue."On en sera au choix étonné, intéressé ou consterné, note l’auteur, mais la pédophilie constituait dans son esprit une utopie pour demain et un terrain de réflexion. Car, ce qui était en jeu pour lui, c’était la redéfinition de l’enfance, sans quoi l’homme n’a pas de sens, c’était la seule chose qui lui importait, de connaître la vérité et le secret de cette chose-là.
Bernard Quiriny, Le Magazine Littéraire, Novembre 2015

Après Tony Duvert, l’enfant silencieux (2010), Gilles Sebhan a reçu de nombreux témoignages, lettres, photos sur cet écrivain sulfureux qu’est Tony Duvert (1945-2008) et a pu écrire une biographie plus précise, en essayant d’aller au bout des secrets, parfois au bout de l’horreur, sans se censurer.  Le premier ouvrage de Duvert est Portrait d’un homme-couteau ; il y raconte sa fugue et sa tentative de suicide, à l’âge de quinze ans. En 1973, il obtient le prix Médicis pour Paysage de fantaisie et ses romans ont un certain succès dans les années 70 ; il est soutenu par Robbe-Grillet et Jérôme Lindon qui publiera pratiquement tous ses écrits aux Editions de Minuit. Il lui confie même la direction de la revue Minuit avec Michel Longuet qui deviendra un ami à vie."Dans mon premier essai, dit Gilles Sebhan, je m’aperçois aujourd’hui que je cherchais, alors même que son livre Journal d’un innocent détaillait ses exploits, à minimiser les faits, à maquiller son goût pour l’extrême jeunesse en goût pour les garçons tout court, comme s’il s’agissait de protéger quelqu’un, lui ou moi ou les éventuels lecteurs"(p.70). Les deux passions de Duvert sont la musique classique (c’est un très bon pianiste) et le sexe ; il est obsédé par l’amour fou entre des hommes qui ne se ressemblent pas. On pense à la fougue de Pasolini et ses liaisons compliquées.  Après Le Bon sexe illustré (1974), son premier grand essai, il part deux ans à Marrakech ou il peut jouir sans entraves et aimer des garçons de tous âges, beaux et dociles. Ce seront les plus belles années de sa vie. Quand il revient, il s’isole, devient un paria, ce qui entraînera sa mort solitaire. La pédophilie est pour lui une utopie pour demain et un chemin de réflexion, car en France il se garde bien de pratiquer. Son but ultime est la redéfinition de l’enfance pour en découvrir les secrets et la vérité.  En 1982 est votée la dépénalisation de l’homosexualité (grâce à Jack Lang) qui sépare enfin la cause homosexuelle du cas des pédophiles : Duvert, scandaleux, reste inacceptable ; il n’est plus à la mode ; il est vite oublié. Son dernier texte publié, L’Abécédaire malveillant (1989), est éreinté par la critique, surtout Jérôme Garcin dans L’Evénement du jeudi. Dans les années 90, il vend tout ce qu’il possède, sa bibliothèque comprise, et part vivre jusqu’à la fin de ses jours chez sa mère à Thoré-la-Rochette, ce malgré ses idées sur la malfaisance d’une mère incestueuse, égoïste et indifférente, comme un négatif de l’image du père, mort par suicide dans sa jeunesse. Tony Duvert souffre de problèmes cardiaques, il est pauvre et épuisé, c’est un angoissé permanent. Le dégoût qu’il a pour sa mère reflète une haine de soi. Il ne se supporte plus et ne publie rien pendant près de 20 ans bien qu’il s’épuise à écrire sans cesse.  Malgré ses mœurs, on ne peut être que touché par ce destin solitaire et honni, la souffrance d’un être décalé tout au long de son existence. Gilles Sebhan a parfaitement réussi cette biographie, en débusquant l’homme derrière l’écrivain et l’image du pédophile. Deux contes érotiques de Tony Duvert terminent l’ouvrage. Ce grand styliste, qui a profité de ces années de libération sexuelle, déclarait :"Tous les enfants sont des hommes. Peu d’adultes le restent".
Eliane Mazerm, Parutions.com, 19 octobre 2015

Un jeune homme surdoué – Gilles Sebhan revient sur la vie de Tony Duvert en s’appuyant sur les témoignages du frère et du meilleur ami de l’écrivain, ainsi que sur la correspondance de ce dernier.
Le 20 août 2008, le corps de Tony Duvert était retrouvé dans sa petite maison de Thoré-la-Rochette, une commune du Loir-et-Cher. Sa mort remontait à plusieurs semaines : alertés par le courrier débordant de sa boîte aux lettres, une voisine avait fini par donner l’alerte. Triste épilogue solitaire pour un écrivain, ancien poulain de l’écurie Minuit dont le P-DG d’alors, Jérôme Lindon lui avait même confié, au début des années 1970, la direction de la revue maison) et prix Médicis 1973 pour Paysage de fantaisie. (…) Gilles Sebhan n’en réussit pas moins à retracer avec une relative précision le parcours déroutant d’un jeune homme surdoué, qui aspirait à beaucoup, avant de se recroqueviller dans la dépression récurrente, l’alcool, le repli sur soi et la fermeture au monde.La lecture de ce Retour à Duvert s’impose à quiconque est interpellé par la question de l’articulation entre l’œuvre d’un écrivain – et Tony Duvert fut un grand écrivain – et l’enveloppe de chair et de conventions sociales qui le compose, ou avec laquelle il doit composer.
Daniel Garcia, Livres Hebdo, 2 octobre 2015

ILS EN ONT PARLÉ…

Jean-Bernrad Vuillème, Le Temps (Suisse), 4 décembre 2015 : Vie et mort d’un pédophile

René de Ceccatty, Les Lettres Françaises/L’Humanité, novembre 2015 : Le livre de Gilles Sebhan, à la fois empathique et distant, très rigoureusement documenté, permet de revenir sur le cas de Tony Duvert. 

Eric Chevillard, Le Monde des Livres, 29 octobre 2015 : L’infréquentable

Thierry Cecille, Le Matricule des Anges, octobre 2015 : Une enquête à la recherche d’un écrivain perdu 

Patrick Mouze, Salon Littéraire, 23 octobre 2015 : Il reste aux lecteurs à transformer ce bel essai en faisant un aller et retour à Duvert pour s’en rendre compte.

Pierre Maurry, Le Soir, 17 octobre 2015 : Un livre entièrement nouveau sur l’indocile écrivain brillant conspué pour sa pédophilie. Entre biographie et analyse de l’œuvre l’essayiste ne se fait l’économie de rien. 

Arthur Dreyfus, Radio Canada, 5 octobre 2015 (curseur : 23) : Un portrait pyschologique et littéraire d’un monstre merveilleux (…) Tony Duvert et Gilles Sebhan, deux écrivains surdoués.

Gilles Sebhan était l’invité d’Anne-Vanessa Prevost dans Les bonnes feuilles sur France Culture 
Gilles Sebhan était l’invité de François Angelier dans Mauvais Genres sur France Culture