Résumé :
Lui c’est John, un Anglais de Londres, ville reteinte en gris par toutes les pluies possibles. Anne a quitté John, un jour de juillet. Depuis ce moment où il s’est enfoncé, seul, "dans le flou des rues ensoleillées et vides", il remâche morose sa tristesse, flirte avec la mort. S’ouvre à Sarah sa cousine, s’échoue mollement à la grève froide de différents bars et sillonne sans trêve la Ville pris aux rais des souvenirs : Anne, encore, toujours, dans le champ, en permanence. Inéffacée.
Quand, brusquement : Rachel !
Rachel d’abord entrevue, sitôt oubliée, mais soudain essentielle. Rachel qui fond sur lui en foudre douce, éclair suave et lent porteur de tout le bonheur éprouvé depuis l’enfance. Rachel qui débobine pour lui le fil mordoré de sa vie. Rachel : "flamme sacrée qui avait métamorphosé ses quelques ornements en une sorte d’autel, à côté duquel il ne se sentait jamais totalement seul". Rachel qu’il aime "d’un amour absolu". Prise d’un désir de Sud, en fuite face à la mort de son amie Jodie, elle partira pour Paris, via Lourdes et ses béatitudes bleu ciel.
Une lente romance, fervente, malsaine et désabusée, belle comme une Vierge de Miséricorde sous le crayon d’Andy Warhol.
On en parle :
Saint Rachel n’est pas un roman sur la mort de l’amour. Ce n’est assurément pas non plus, comme on a pu le soutenir, “le premier roman sur le Prozac des années 1990”. C’est quelque chose de bien plus étrange : une étude, impeccable à sa manière, de la décadence de l’émotivité… Saint Rachel opère avec brillant à la façon d’une curiosité kitsch fin de siècle. La futilité, la paresse, l’apathie émotionnelle qui paralysent sans cesse le héros de Bracewell deviennent parties prenantes de la forme même du roman.
The Guardian, 14 février 1995
Londres est l’héroïne de Saint Rachel : une capitale plus sage dont la nouvelle drogue est un matérialisme pur et dur. Avec l’aide du Prozac, une pilule bleu pâle pour mettre de l’azur dans les yeux. Anne quitte John qui l’épuise par son apathie. John a un coup de foudre pour la diaphane Rachel? Mais ni le couple ni un quelconque credo ne sont la panacée dans un monde où l’émotivité va à sa perte. Un roman comme une incontrôlable "descente".
Violaine Binet, Vogue, mai 2004
Bracewell sait jouer sur les couleurs et les sentiments; il sait aussi expliquer ce qui s’est passé, par exemple dans une soirée quand on se sent étranger, voire exclu : " C’est comme deux canots à rames qui entrent doucement en collision au milieu des excuses et des éclats de rire. "
Stéphane Denis, Madame Figaro, 7-14 mai 2004