Résumé :
Si l’avenir se lit dans le marc de café ou au cœur des cartes, le passé, lui, se relit au fond d’un verre vidé entre amis, au détour d’une dérade menée entre camarades ou au fil fragile d’un paysage saisi soudain par la fenêtre d’un train, d’un objet sur lequel bute la main. La mémoire est un enfant à caprices, on se doit de la réveiller délicatement, avec des égards de tendresse inouïs. C’est à pareil cérémonial intime que nous convie le romancier, essayiste et ici poète, Denis Tillinac, en nous invitant à traverser son Pont des regrets, un bouquet de poèmes qu’il dévide comme les couplets d’une interminable romance villonnienne, les longues stances d’un blues verlainien, d’une science très sûre, qu’il murmure en pinçant sa mémoire, comme on gratte une guitare, pour la raviver, la mener chanter. Passent ainsi à leur temps, voix ou silhouettes, le fantôme de Pessoa, les proches que la mort n’a rendus qu’invisibles, tels Jean-Claude Pirotte et Guy Boniface ou les amantes en fuite, un moment étreintes ; surgissent soudain un flipper à Strasbourg-Saint-Denis, le flot sans fin d’une highway américaine, la piste d’une sente corrézienne.
Un recueil qui incite à la flânerie, qu’on lit en douceur, qui nous désaltère comme une source retrouvée, pour sentir là, présente et inentamée, la mémoire vive garante de survie, gardienne du présent.
On en parle :
PRESSE NATIONALE
Silhouettes des amis trop tôt partis (dont Pirotte, cet autre brocanteur de l’âme), des ombres et des élues du cœur, amours mortes ou pas nées. Des passions fixes, indélébiles ; des rixes avec Chronos, forcément. Ce mauvais génie qu’est la mélancolie douce, imprime sa marque et son roulis à tous ces poèmes à la géographie plurielle : la tendre Corrèze, les terres d’Ovalie, l’asphalte américaine. Moins des poèmes, d’ailleurs, que des histoires esquissées, des photos sépia recolorisées, des scènes muettes qu’on sonorise ; juste un sillage de souvenirs. (…) Piécettes sans cesse remises dans le juke-box pour faire entendre le blues d’une ritournelle, ces mots-là ne visent pas au sublime, mais s’énoncent simplement, sans artifices, sans effets de manche lyriques. Vraiment, ce recueil a la simplicité d’un bouquet de fleurs, des roses, bien sûr, qui piquent au sang si l’on n’y prend garde.
Anthony Dufraisse, Le Matricule des Anges, Novembre/Décembre 2019
En vers libres et en couleur sépia, l’écrivain ravive ses souvenirs avec une douce mélancolie.
Sur le pont des regrets, le recueil de poésies de Denis Tillinac, est une visite douce-amère de sa mythologie intime. Assez vite, comme passent les nuages d’automne dans le ciel de Corrèze, arrivent dans le recueil de poèmes de Denis Tillinac, Sur le pont des regrets, les figures tutélaires de Pirotte et Pessoa. On a connu plus mauvaise compagnie que le saint buveur des sous-préfectures hivernales et le piéton de Lisbonne aux identités multiples qui attendait au café A Brasileira le retour d’un roi absent, disparu jadis dans les sables d’une bataille oubliée. Les deux ont en partage une certaine mélancolie qui est aussi celle de Denis Tillinac, une mélancolie sans colère ni amertume qui sert de monnaie sentimentale dans ce pays étrange dont le poste-frontière est, précisément, Sur le pont des regrets. (…)
On lira finalement Sur le pont des regrets, comme on lit les autres livres de Tillinac, parce qu’il ne pratique pas une poésie d’intimidation ou de laborantin : on retrouve chez lui des fleurs, des livres, des profils, des rugbymen, des collines et des jeunes filles, bref, on retrouve ce que Rimbaud appelait la vie française.
Jérôme Leroy, Valeurs Actuelles, 21 novembre 2019
Denis Tillinac regarde le temps qui passe. Regarde filer ses rêves, s’épuiser les désirs. Mais les souvenirs persistent. Et il suffit d’un mot pour les réactiver. Des noms de villes et d’horizons : Malaga, Géorgie, Memphis (Tennessee) ou rugby au stade Charléty à Paris. Des écrivains admirés : Mauriac, Faulkner aussi. Comme autant de rencontres qui façonnent une vie. Certes, le rythme est différent, ralenti. Doit être apprivoisé lors d’une promenade tranquille sur ce pont des regrets auquel le romancier et essayiste nous invite. Pour rester en alerte face à ce nouveau qui peut toujours surgir. Refuser l’écume triste pour l’espoir d’un matin.
Stéphane Bataillon, La Croix L’Hebdo, 15 novembre 2019
Denis prend son luth : Un recueil de poèmes inattendu et chargé d’émotion
Denis Tillinac a plus d’une corde à son arc. Ou à sa lyre.
Le regret évoqué dans le titre s’y trouve décliné dans toutes ses nuances, de la nostalgie à une tristesse profonde. Quasiment existentielle. Elle confère au recueil son unité. Une désespérance d’autant plus touchante qu’elle ne se pare d’aucun artifice. Le poète se livre sans fard. Le parfum d’authenticité exhalé par chacun des poèmes n’est pas le moindre charme de ce livre qui révèle de son auteur une facette inattendue.
Jacques Aboucaya, Service Littéraire, Novembre 2019
Denis Tillinac, poète d’une France chiraquienne disparue : Sur le pont des regrets, un recueil nostalgique
Petit poucet de la littérature, Tillinac sème les cailloux de son imaginaire enfoui. (…) Avec Tillinac, sa plume sauvage et cependant maintenue dans un certain académisme, file comme la Loire. Elle n’écoute que son tempo intérieur. Elle ressasse sa mélancolie, son amertume avec l’âge venant. Tillinac est un poète que l’on comprend, donc qu’on lit avec un plaisir presque gourmand. Ses mots n’asphyxient pas. (…) Sa fidélité à cette jeunesse mi-provinciale, mi-parisienne, son mépris des totalitarismes et des uniformes, son attachement aux paysages éternels, sa mysticité teintée de républicanisme, peut-être l’ultime héritage de son ami Chirac, on les retrouve dans ce recueil simple et bon comme un pain cuit au four. Tillinac écrit sans trucages. Le lecteur apprécie cette limpidité qui n’est pas dénuée d’une recherche stylistique. Ecrire juste est un travail de tous les jours. Le son, le rythme, la mémoire vive, tout doit s’entremêler sans violence, ni haine. On plonge dans ce recueil comme dans une piscine de jouvence. (…) Après un été anglais, passez donc l’automne en compagnie de Tillinac.
Thomas Morales, Causeur, 12 octobre 2019
On y retrouve des paysages parisiens (carrefour de l’Odéon, l’île de la Cité), des hommages et des admirations (Jean-Claude Pirotte, Pessoa, Jane Austen), des échappées du côté de La Rochelle, de Cadix et de Malaga, de la côte basque ou de Lisbonne. Avec, en fond sonore, la voix d’Elvis Presley et le gazouillis amoureux des mésanges.
Le Figaro Littéraire, 10 octobre 2019
PRESSE RÉGIONALE
Quelques regrets amoureux
C’est un délice de finesse, de mélancolie, de brumes françaises tout au fond des automnes perdus de l’enfance. Le Dilettante n’en a tiré que 999 exemplaires. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Philippe Lacoche, Le Courrier Picard, 12 décembre 2019
WEB
Tillinac, poète aux grâces verlainiennes
Tillinac, le blueseman de Spleen en Corrèze est un poète qui ne s’ignore pas, pratique la stance avec des grâces verlainiennes, la désespérance et le culte du souvenir façon Apollinaire. […] Fargue moderne, déambulant dans Paris, il chante la tombe de Baudelaire à Montparnasse et s’évade à Monte-Carlo pour évoquer un héros de Zweig ou à Lisbonne pour emprunter les pas de Pessoa. Ce Tillinac-là, sans acrimonie mais non sans grâce, charme avec force le lecteur convié en complice.
Gilles Pudlowski, Le Blog de Gilles Pudlowski, 6 mai 2020