Résumé :
Les cartes sont tristes. Faites pour les sérieux, les puissants, les gens pressés, elles ne pointent que les hauts lieux, les voies royales, les fleuves navigables, les routes qui vont quelque part. Bref tout ce qui sert. Une carte est à lever qui ne signalerait que les angles morts du monde, les lieux non-dits, ceux où l’on ne va que par goût des plaisirs torves, des manies contondantes. Et ce pourrait être au Canadien Crad Kilodney, dont les Villes bigrement exotiques paraissent au Dilettante, d’en marquer les centres nerveux. On lui voit en effet, au travers de ce recueil d’escapades véloces, de proses voyageuses ardemment torrides, un goût certain pour les cités maudites, les villes champignons hallucinogènes, connues ou inconnues. Grâce à ce digne cicérone, on fait étape à Oïmiakon, le "jardin de la Sibérie", on savoure la poésie de Kunduz l’afghane, avec son joli "musée des membres amputés" et son club No-Go où les femmes font la bête à deux dos avec une tripotée de calmars ; à Nyala, au Soudan, les lits sont équipés de poignées à orgasme ; passant par Snuol, vous pourrez rencontrer le meilleur sosie cambodgien d’Elvis. Quant à Pyongyang, cité à la Chirico, le communisme d’État y devient la dernière forme moderne du fantastique. Saluons Elbasan l’albanaise, son monorail à âne, son donneur de sperme de renom mondial. Un tour du monde pour empêcheur de voyager en rond qui se clôt par Vinh de Vietnam, son musée Ho-Chi-Minh et son perroquet Nestor à la Michel, mets réputé. Alors Exotic airlines ! embarquement immédiat ! destination à volonté. Boîtes de nuit et vaccins compris dans le forfait. Le commandant Kilodney et son équipage de poulpes et stripteaseuses sont à votre disposition.
On en parle :
Vous avez envie de rater vos vacances ? Plutôt que de vous retrouver avec des milliers de touristes dans les mêmes lieux sempiternels, optez pour les destinations "bigrement exotiques" du canadien Crad Kilodney. Cet anti-guide de voyage, disons-le d’emblée, est bien placé pour remporter la Palme du livre le plus drôle de l’année ! (…) A chaque fois, Kilodney trace en quelques pages un tableau enthousiasmant de ces cités pittoresques et miséreuses, avec leurs coutumes absurdes, leurs hôtels interchangeables, leurs curiosités débiles ("Elbasan est réputé pour son monorail à âne, un système de transport unique au monde") et la liste des vaccins qu’il faut faire avant de s’y rendre (polio, stomatite vésiculaire et lèpre inclus). Il y a un côté ‘Borat’ dans ces parodies à l’humour vachard et très noir, qui recycle les clichés racistes pour les tourner en dérision (…) Et bien sûr, dans chaque lieu qu’il visite, Kilodney ne manque pas de s’enquérir du marché de la prostitution, car les vacances, c’est aussi du plaisir. Les gags s’enchaînent aux détails scabreux, les farces grinçantes aux moments de pur délire. Souhaitons un succès monstre à ce livre décapant, en attendant d’autres traductions de l’auteur : il n’écrit plus que sur son blog depuis quelques années (c’est là qu’ont paru ces textes), mais il a publié une douzaine de volumes dans les années 1980.
Bernard Quiriny, Evene.fr, avril 2012
Drôles de voyages
Une cocasse collection de reportages dans les contrées pour le moinds originales.
L’intérêt de villes bigrement exotiques est de nous faire partager des images inédites du village mondial (…) Le livre de Crad Kilodney rappelle que le métissage et le cosmopolitisme sont désormais incontournables (…) Une irrésitible pochade, terriblement incorrecte.
Christian Authier, Le Figaro Littéraire, 12 avril 2012
L’écrivain et satiriste canadien Crad Kilodney propos vingt destinations plus inattendues les unes que les autres et pas forcément recommandées par les chancelleries occidentales.
Elif Batuman, Courrier International, 5/11 avril 2012
Une chronique simple et juste de l’immigration européenne aujourd’hui.
Bertrand Guillot, Standard, Printemps 2012
Fabriquer un zombie en Haïti, apprendre que Queta, au Pakistan, est très gay-friendly ou encore jouer à "Dénoncer un ennemi" en Corée du Nord pour gagner un plat de nouilles… Voilà un bref aperçu de ce que vous découvrirez dans ce livre qui résiste à toute classification, carnet de voyage politiquement pas du tout correct aussi bien que tribune libre d’un auteur aux opinions un brin tranchées. En vingt chapitres consacrés à vingt destinations improbables, le globe-trotter le plus réactionnaire du Canada vous embarque autour du monde, entre émerveillement et stupeur, de quartiers interlopes en activités illicites, sans parler des spécialités culinaires pour le moins originales (la recette des moules zébrées de Cotabato aux Philippines est en page 165).Qu’on ne s’y trompe pas : "Villes bigrement exotiques" n’a rien d’imaginaire, mais si on est ravi d’apprendre qu’au Nicaragua, certaines femmes se servent de poissons vivants pour des pratiques inavouables, la simple idée qu’un personnage aussi détestable que notre narrateur puisse exister est nettement moins réjouissante. Manque de bol, en plus d’être un indécrottable misanthrope, fustigeant tous les peuples sans distinction, à commencer par le sien, il est drôle, terriblement drôle, de ce bon vieil humour bien musclé qu’aucun jeune gauchiste sans cervelle ne pourra jamais produire.
Grégoire Courtois,Librairie Obliques, 6 avril 2012